L'île est un recueil de nouvelles paru en 1934 et que Gallimard a eu lexcellente idée de rééditer. Cest un très beau texte et jespère que cette réédition contribuera à le faire sortir dun oubli quil ne mérite pas. Le livre contient trois nouvelles qui nous font découvrir la vie des pêcheurs sur lîle de Minorque au début des années 1930. Comme lindique le titre de louvrage, Minorque nest pas seulement un lieu géographique, mais aussi un personnage important, voire le plus important de ces nouvelles. Toutefois les noms de lieu sont francisés, donc difficiles à identifier sur une carte de lîle.
Les compagnons de lAndromède : Un dimanche dautomne, un bateau mystérieux accoste dans le port de Ferreal. Jamais les habitants nen ont vu de si grands et si beaux. Le vieux Quintana, un homme riche, monte à son bord, ce qui renforce encore le mystère. Finalement il sagit dun vieux cargo à détruire. Une dizaine de pêcheurs sy attellent sous la férule de Palau, un contremaître aigri et méchant, mais la camaraderie aura le dernier mot.
Un matin de pêche : Sébastien, patron pêcheur part un matin à laube avec deux compagnons, Ferrer et Claudio. Le drame survient, arriveront-ils à rentrer assez vite pour sauver Claudio ?
Les deux Marie : Arguimbau est cordonnier, mais la crise frappe durement lîle et il a perdu son travail. Son oncle Garcia est patron pêcheur et lengage dans son équipe. Les débuts sont difficiles, sa jeune épouse Anita le soutient en espérant que ce ne sera quune mauvaise passe et que bientôt il retrouvera un emploi de fabricant de chaussures, lui qui rêvait de se mettre à son compte. On suit la transformation dArguimbau le cordonnier en pêcheur durant une année.
Les trois nouvelles sont liées et on évoque les personnages dune nouvelle dans une autre. Ainsi Pépé Anton est un personnage central du petit port de Ferreal. Les personnages sont touchants et attachants, ils sont pauvres mais surtout liés par une grande camaraderie et une solidarité sans faille. Toutes les nouvelles se terminent bien et on sent que Dabit a édulcoré la dure vie des pêcheurs et des pauvres dans son récit. Il nous présente un monde idéal de solidarité et damitié où les gentils triomphent toujours des méchants et des cupides. Il y a toute une réflexion sur lidentité insulaire qui est très intéressante.
Malgré ces lunettes roses, ce livre est très agréable à lire et nous ouvre les portes dun monde aujourdhui disparu, même si dans la réalité il devait être bien plus dur que ce que le texte en dit. Cest un voyage dans le temps très dépaysant, comme une vieille carte postale dénichée au fond du grenier. On est à des années-lumières des Baléares de nos vacances et j'ai adoré visiter ce monde perdu.