En ce matin de mai 1914, Solenn et Edern se rendent en plein coeur de la forêt de Brocéliande, pour présenter à la fée de la fontaine de Baranton leur voeu de s'unir par les liens du mariage. Ils sont accompagnés d'Hubert, le frère d'Edern, et de leurs amis Maëlle et Yann. Au moment où les amoureux s'apprêtent à jeter dans l'eau de la fontaine des épingles en offrande à la fée, Hubert les bouscule ; Solenn se blesse et les épingles maculent de sang l'eau magique. Mauvais présage...
Vingt-neuf ans plus tard, le monde est à nouveau en guerre. Le petit village de Concoret, situé en lisière de la forêt de Brocéliande, est occupé par les allemands. Les restrictions n'empêchent pourtant pas la vie quotidienne de suivre son cours. Les jeunes lavandières se rendent comme tous les matins au lavoir pour y bavarder tout en effectuant leur lessive. Mais ce matin, l'eau est tachée de sang. Dans le lavoir flotte le cadavre d'Annaïg, une des lavandières...
Gwenn, une jeune orpheline, est particulièrement bouleversée par ce décès. Elle pense être la dernière à avoir vu Annaïg vivante, la nuit même, auprès du lavoir. La jeune fille s'en était même pris violemment à elle, la considérant comme une rivale pour obtenir le coeur de Philippe de Montfort, un noble dont la défunte semblait éprise.
Qu'est-il arrivé à Annaïg ? S'est-elle suicidée, comme le pense le curé de la paroisse qui a reçu la nuit de sa mort la douloureuse confession de la jeune fille ? A-t-elle été assassinée ?
La mère d'Annaïg, une vieille lavandière surnommée Dahud, incrimine les lavandières de la nuit, créatures issues du folklore qui viendraient, à la nuit tombée, essorer aux lavoirs leurs linceuls imbibés de sang...
Avec ce roman, Edouard Brasey nous propose une intrigue où les légendes se mêlent à la réalité. Il ne s'agit pas d'un roman fantastique, mais plutôt d'un subtil mélange de roman policier et de folklore, où l'on voit que les vieilles croyances peuvent être bien arrangeantes pour désigner un meurtrier à la place d'un autre... Et on peut dire qu'en matière de légendes bretonnes, Edouard Brasey en connaît un rayon : l'Ankou, les lavandières, la quête du graal, le Val sans retour, la légende de la ville d'Ys, tous ces noms évocateurs se prennent dans les filets de son intrigue et offrent au lecteur un roman habilement mené, mystérieux et divertissant à souhait.
C'est un plaisir de retrouver la belle plume d'Edouard Brasey dans ce roman, même si, et c'est le seul reproche que je ferai à ce livre, son ton est parfois un peu trop didactique tant il semble brûler de partager avec le lecteur les trésors de ses connaissances en matière de culture bretonne.
