Entre les humains de 2060 et ceux de 2008, la guerre est déclarée. Et si les légions sont reparties pour le moment, le "temps" est toujours une menace qui pèse. Au rez-de-chaussée, les frères sumo aperçoivent quelques enfants-vieux approcher... bien amochés. Il se trouve que ce sont le groupe de Kô, ceux que les habitants de la résidence avaient rencontrés en premier, qui ont essayé de raisonner "ceux de la montagne", mais la haine de ces derniers contre les adultes, en particulier masculin, est sans négociation possible. Kô décide donc de raconter les raisons pour lesquelles les "enfants" ne peuvent plus faire confiance aux adultes... et pourquoi l'immense bâtiment inauguré en 2059 ne contient plus qu'un tas de cadavres...
En effet, Yugo Ishikawa frappe là où cela fait mal. L'histoire de ces enfants nés avec le syndrome de vieillissement précoce est atroce. De même que pendant l'occupation, les Allemands profitaient du peuple français soumis pour assurer un travail, ou que les Japonais profitaient des Chinois au début du XXe siècle (cf. le manga de Osamu Tezuka, Ikki Mandara, entre autre ou plus simplement Le Lotus Bleu, de Hergé, dans Les aventures de Tintin), les adultes ont organisé le travail des enfants en les exploitant, avec de la nourriture, et en leur faisant croire que leur travail leur permettra un jour d'être sauvé, d'entrer dans la nouvelle tour de Babel. De ce fait, nous comprenons la motivation de Sakaki, chef de ceux de la montagne, de vouloir faire partir les adultes.
Par contre, tout comme le volume précédent, je pense qu'il y a un problème dans la mise en scène, comme s'il manquait des bouts entre les différents chapitres, les événements présentés. La compréhension générale s'en trouve perturbée, ou alors c'est justement l'effet voulu, de faire une sorte de ligne flottante avec des moments de "rêve éveillé", comme lorsque Sû est nue dans la dernière page, alors qu'elle est en train de monter avec Shingo. Peut-être que cela est dû au fait qu'elle était déjà capable de voir l'eau noire avant tous ces événements, et qu'elle est une des clés pour sortir de ce paradoxe temporel. Nous en saurons sans doute plus dans le prochain opus de Sprite. Mais que c'est perturbant de lire quelque chose sans le comprendre pleinement !