Il y a aujourdhui soixante-dix ans, les 16 et 17 juillet 1942, des milliers de juifs étaient arrêtés et enfermés dans le Vélodrome dHiver de Paris. Cet épisode allait devenir tristement connu comme la rafle du Vél' d'Hiv. En tout, ce seront treize milles personnes, majoritairement des femmes et des enfants, qui seront arrêtées, emprisonnées puis déportées vers les camps. Très peu reviendront. On ne possède quasiment aucun document de cet événement, la censure ayant parfaitement fonctionné : une seule et unique photo montrant les bus devant le vélodrome et quelques documents administratifs. Néanmoins, des lettres ont réussi à sortir du Vél' d'Hiv et ont été retrouvées. Seulement vingt-deux à ce jour. Karen Taieb, responsable des archives du Mémorial de la Shoah a choisi de regrouper dans ce recueil dix-huit dentre-elles pour ne jamais oublier.
C'est un témoignage essentiel qui nous est offert. Un morceau d'histoire qu'on a longtemps occulté mais qu'il est indispensable de connaitre pour que jamais il ne puisse se reproduire. Simplement constitué des facsimilés des lettres, de leurs traductions et de quelques explications sur le destin des expéditeurs, cet ouvrage est pourtant bouleversant. Des mots simples qui témoignent de l'incompréhension, de la brutalité, des conditions inhumaines, de l'horreur tout simplement. Des milliers de personnes parquées sans nourriture, sans eau, sans soins ou presque, pire que des animaux. Des individus réduits au silence, des familles entières décimées dont il ne reste parfois rien, pas même une photo. Et cela s'est passé chez nous, il y a soixante-dix ans. Un document crucial à lire contre loubli, pour la mémoire.