Les Chroniques de l'Imaginaire

Alibis (Alibis - 43)

Ce numéro de juillet 2012 de la revue Alibis présente plusieurs nouvelles primées ainsi qu'une "novelette".
Tout d'abord la nouvelle ayant remporté le prix Alibis 2012, ainsi que deux autres nouvelles ayant remporté d'autres prix prestigieux.

Signes vitaux de Véronique Bessens (Prix Alibis 2012)
Cette nouvelle dépeint le quotidien sordide de Chienne, une femme battue par son mari, Le Dogue.

Très sombre, d'une noirceur à la limite de l'écoeurement, cette nouvelle est remarquable par sa maîtrise indéniable des mots, par la puissance de ses évocations.
Mais je dois l'avouer, c'est très dur à lire.

Tellement de choses en commun de Mary Jane Maffini (Prix Arthur-Ellis 2011)
Willa, retraitée, a perdu deux de ses meilleurs amis qui ont été escroqués par un couple qui défraie la chronique. Kelly, sergent-détective, est à la retraite dans douze jours mais il ne désespère pas de mettre la main sur les Carson, ce fameux couple d'escroc qui s'en prend aux personnes âgées.
Willa rencontre par hasard Leann et Cliff, un gentil couple prêt à lui rendre services à n'importe quel comment.
Evidemment, la rencontre n'est pas dûe au hasard, mais les escrocs vont avoir du fil à retordre...

Amusante, très rythmée, cette nouvelle est une véritable bouffée de fraîcheur. On imagine tout à fait Willa, gentille petite vieille, qui ne se laisse pas faire, le flic à la retraite, débonnaire, qui observe les oiseaux, mais n'en oublie pas moins son ancien métier, le couple d'escrocs affable, serviable...Tous ces personnages sont parfaitement bien dessinés, leurs portraits sont, en quelques mots, très réussis.
Un grand moment de lecture qui se fait le sourire aux lèvres.

La maison blonde de Martine Latulippe (mention spéciale du jury prix de la nouvelle Radio-Canada 2012)
A seize ans, il n'en est pas à son premier cambriolage. Mais cette maison n'est pas comme les autres. Elle est chaude, accueillante... blonde. Il s'y sent tellement bien que...

Très joliment racontée, cette petite histoire se fait remarquer pour sa chaleur, pour les mots qui réussissent à laisser transparaitre une ambiance, une atmosphère bien particulière.

L'Ombre et le Marquis de Philippe-Aubert Côté
Axel et Tommy sont cousins. L'un est fan de super-héros, l'autre hockeyeur. Axel est colocataire avec Mitsuko, une ravissante fan de mangas. Ce petit monde évolue sur fond d'homosexualité enfantine inavouée, de sentiments secrets, de jalousie, de vengeance.

J'ai moins apprécié cette nouvelle que les autres. Malgré sa qualité littéraire indéniable, elle ne m'a pas emballée. Les personnages sont sympathiques, intéressants, éveillant la curiosité (surtout le Marquis et la Baronne) mais le tout manque un peu d'originalité.

Deux articles complètent ce numéro :

Un extrait du deuxième tome des Taupes frénétiques de Jean-jacques Pelletier, auteur québecois de la tétralogie Les gestionnaires de l'Apocalypse.
Dans ce document, il parle de la criminalité en cols blancs, de la corruption des gouvernements. A ne pas lire si on veut garder encore une once d'espoir en l'humanité.

Et pour finir, un très long article de Norbert Spehner, Partons en Afrique noire pour un safari polar, nous propose de faire le tour complet de la littérature policière africaine. Très riche, très documenté.