Malik El Djebena est une jeune délinquant condamné à six ans de prison. Dans son nouvel environnement, il n'arrive pas à trouver sa place. Il tente de ne pas attirer les embrouilles sans se laisser chier dans les bottes non plus. Peu après son arrivée, voilà que Reyeb est transféré dans la même prison que lui. Il doit témoigner dans un procès contre un clan mafieux corse, dont certains membres se trouvent dans la prison. César Luciani, le chef des corses, va ordonner à Malik de tuer Reyeb pour eux. Tout ça parce que Reyeb a parlé à Malik sous la douche pour tenter de l'approcher, lui proposant du shit en échange d'une pipe, ce que Malik avait refusé tout net. Même s'il aimerait refuser, Malik sait qu'il n'a pas le choix, sinon, c'est lui qui mourra. Après un entrainement auprès des corses pour arriver à planquer une lame de rasoir dans la bouche et à l'utiliser sans les mains pour trancher une veine du cou, Malik va tuer Reyeb. Il va ainsi gagner la protection des corses, même s'il ne sera jamais que leur larbin par la suite. Mais ce meurtre signera le début d'un parcours complexe pour Malik. Un parcours dont il ne ressortira pas indemne.
Un prophète, film de Jacques Audiard, a reçu, dès sa sortie, une très bonne critique, aussi bien de la part des professionnels que du grand public. Et cette bonne critique est amplement méritée. C'est un film dur, râpeux, violent, sans faux semblants. D'ailleurs, l'interdiction aux moins de douze ans me semble un peu faible ; moins de seize aurait certainement mieux convenu. D'un autre côté, c'est aussi un film sensible, riche, touchant et beau, malgré tout. Malik a été enfermé pendant six ans. Ce n'est pas rien. Mais ce qu'il va rencontrer dans la prison va le faire changer à tout jamais. Tout va être déclenché par ce meurtre. Pourtant, il ne le voulait pas mais, pour sa survie, n'a pas eu le choix. C'était Reyeb ou lui. Et il s'est tout naturellement choisi. Après, ce n'est qu'une succession d'actes qui en découlent. Bien sûr, il n'était pas obligé d'aller aussi loin qu'il l'a été. Mais tuer quelqu'un ne change-t-il pas radicalement un homme ?
Un prophète, c'est aussi l'histoire d'amitiés qui peuvent naitre dans ce monde carcéral, un monde loin de tout défaut, même si on aimerait bien nous faire croire le contraire par moment. C'est comme une éclaircie dans un paysage trop gris. Ryad va devenir comme un frère pour Mailk et cette relation est parfaitement mise en image.
Le film est long, deux heures et demie. Pour un film qui est loin d'être un film d'action, c'est audacieux. Mais ce format se justifie amplement. Et, pas une seule seconde on se dit qu'il est trop long. On ne s'ennuie pas, on est happé par les images et par l'histoire. Il y a quand même malgré tout un peu d'action, mais ce n'est pas l'essentiel du film. On se focalise plus sur les personnages, leurs relations étranges et complexes, leurs magouilles. Et il y a de quoi faire.
Il y a beaucoup de films qui ont déjà été fait sur l'univers carcéral. Qu'on ne s'y trompe pas, Un prophète sort du lot, par le ton, les chemins qu'il emprunte. Ah oui, j'oubliais, le film doit énormément à son réalisateur, bien sûr, mais Tahar Rahim, qui incarne Malik, est tout simplement sublime. Faire porter un film aussi long sur les épaules d'un acteur inconnu, il fallait oser. Audiard l'a fait. Il a eut raison.