Elle est jeune, très jeune lhéroïne de Martha Grimes dans son Mystère de la Chambre 51. Mais elle est déjà une enquêtrice et une journaliste reconnue par ses concitoyens.
Pourtant la vie semble difficile pour la petite Emma Graham. Elle doit rendre le dernier volet de son article sur ses précédentes aventures (Fantômes du Palace paru en 2008). Peur de la page blanche, ou crainte de revivre les évènements qui lont menée à la quasi noyade ? Car on a beau vivre dans une petite ville, on ne connait pas forcément ses voisins. Spirit Lake et ses environs semble regorger à lenvie de psychopathes et de criminels en liberté. Et comme si les bizarreries locales ne suffisaient pas à satisfaire la curiosité dEmma, voilà que Morris Slade revient en ville. Vingt ans plus tôt la petite Fay, sa fille, a été enlevée. Les citadins ont la mémoire tenace. Pour eux cest Morris le coupable. Pourquoi donc na-t-il pas été arrêté ? Et pourquoi revenir sur les lieux de la tragédie si longtemps après les faits ? Bref Emma ne saura bientôt plus où donner de la tête : elle travaille pour sa mère en cuisine, se transforme en rat des archives pour découvrir le passé de la famille Slade, supporte les fantaisies de son frère soi-disant artiste, tolère les colères de lemployeuse de sa mère et les caprices de sa fille pimbêche et insupportable, fournit sa grand-mère alcoolique en cocktails originaux pour obtenir des informations sur le passé
Que de chevaux de bataille pour une demoiselle de douze ans bien comme il faut qui na que vingt-quatre heures dans une journée pour tout mener de front !
On le comprend assez vite à la lecture du Mystère de la Chambre 51, nous sommes, nous lecteurs, projetés dans la tête dune gamine. Elle est jolie, mais ne le sait pas, se compare sans cesse aux filles de son âge et les envie, tout en les dédaignant bien entendu. Et pense, pense, pense à une vitesse grand V vertigineuse et tortueuse. Car tout nest pas limpide, dans la tête dEmma. Sa manière de sexprimer est tout à fait semblable à celle dune ado : sautant du coq à lâne dans un monologue intérieur décousu, changeant de cap comme de chemise et suivant des yeux les circonvolutions dun joli papillon qui passait par là, on a du mal à suivre. Et on perd le cours de la narration, on ségare en circonvolutions, on ne sait plus si on est sur une précédente enquête ou celle en cours, ou toutes à la fois. Mais que lon aime ou non la rythmique particulière de ce roman, du point de vue de ladéquation expression-personnage, Martha Grimes signe une réussite. Malheureusement, niveau intrigues, on reste un peu sur sa faim : peu de rebondissements, des personnages secondaires assez fades, et une résolution de l'enquête assez quelconque pendant laquelle Emma risque la mort, encore une fois
Connaissant dautres romans du même auteur qui a été nommée en 2012 "Grand Master" par ses collègues américains écrivains de polars, jai été déçue par ce roman et son personnage principal... Le Mystère de la chambre 51 serait à mon sens plus à même d'enthousiasmer un public de lâge de lhéroïne que destiné à un public adulte Notons néanmoins lambiance, so british, toujours exceptionnelle chez Martha Grimes et le fait que son roman, une fois encore, est un best-seller aux Etats-Unis.