Jack van Bogaert vivait des jours heureux avec sa femme Libbie, enceinte, dans leur auberge située sur Elisabeth Island. Puis, un soir, le téléphone sonna. Une certaine Kay Halle. Jack dut partir ensuite, s'absenter quelques jours, du moins selon lui. Il devait rentrer en Europe, en Suisse, pour régler des affaires. Qui concernaient Lulu. Lucie. Sa fille, dont il avait affirmé à Libbie qu'elle était morte d'une maladie à l'âge de deux ans. Ce n'était pas vrai, mais c'était beaucoup plus simple à expliquer que la vérité. Grace, la mère de Lucie, venait de mourir. Mais Lulu était encore en vie. Et Grace voulait que ce soit Jack qui s'occupe d'elle. Malgré leurs différends, malgré les années qui séparaient le présent et la dernière fois où Jack avait vu sa fille, malgré tout cela, Jack allait enfin revoir son enfant. Qui ne le connaissait pas du tout.
Les retrouvailles furent moins tendues que Jack n'aurait pu l'imaginer. Bien sûr, les presque quatorze années de séparation n'allaient pas disparaitre d'un claquement de doigts, mais il semblait que Grace avait quand même bien préparé sa fille à son retour auprès de son père. Seulement, il y avait un problème : Dominic Balestero, le père de Grace, le grand-père de Lucie. Sa fille avait coupé les ponts depuis bien longtemps et elle ne souhaitait pas que sa fille soit happée par son influence. Sans compter qu'il n'avait jamais supporté Jack et qu'il n'allait donc pas lui laisser la garde de sa petite-fille sans se battre. Du coup, Jack et Lucie partirent dans une voiture prêtée par Kay et prirent un chemin escarpée pour passer un col, alors que la neige tombait. Pour éviter un animal, Jack donna un brusque coup de volant, et ils eurent un accident.
Jack s'en tira plutôt bien, mais Lucie eut la jambe fracturée. Jack tenta de la trainer un temps sur le capot de la voiture pour chercher des secours. Mais il arrivèrent à un endroit où ils ne purent plus passer. Du coup, il dut laisser Lucie, seule, dans un chalet abandonné, pour tenter de trouver du monde qui pourrait les aider. Mais les choses ne se passèrent alors plus du tout comme prévu. Et c'est là que le passé de Jack décida de se manifester pour prendre sa revanche.
Cela faisait longtemps que je n'avais plus lu de roman du couple Jérôme Camut/Nathalie Hug. Un peu plus de deux ans. Je me suis même rendu compte que j'en avais laissé passer un. Un comble ! Et pourtant, quel bonheur que de retrouver cette écriture à quatre mains. Ce ne sont pas les sujets qu'ils abordent qui nous donnent du plaisir, pourtant, parce qu'ils ont l'art et la manière d'aller trouver nos vices les plus pervers pour les mettre en roman. Oui, l'homme est une ordure de la pire espèce et le couple sait utiliser ses travers pour nous servir des intrigues fortes. Une fois n'est pas coutume, ce thriller est grand public. La construction, le rythme, l'intrigue, tout est fait pour qu'un grand nombre puisse dévorer l'uvre. Ça se lit tout seul, on ne se prend pas la tête une seule seconde, et pourtant
Oui, pourtant, on est rapidement pris aux tripes par ce qui se passe dans l'histoire. Étrangement, ce ne sont pas les magouilles décrites qui m'ont le plus troublé, mais le passage où Jack est obligé de laisser sa fille, fraîchement retrouvée. Peut-être est-ce parce que je suis père aussi, mais cette idée m'a été insupportable. Du coup, j'ai été rapidement happé par le récit et mon attention était tendue vers l'histoire de cet homme. Cette histoire qui est racontée sur trois époques et deux personnes. On va donc suivre Jack dans le présent. Puis Jacques dans le passé, treize ans avant. Au début, on pense qu'on va seulement suivre Jacques et sa rencontre avec Grace, mais pas seulement. Et puis, nous allons suivre les pas de Carmen. On met un peu de temps à comprendre ce qu'elle vient faire là et savoir qui elle est. Mais, tout devient limpide par la suite. Et là on sait que Jérôme Camut et Nathalie Hug maîtrisent vraiment toute leur intrigue à la perfection.
Bien sûr, le livre a quelques défauts, sur des résolutions un peu rapides, mais ce n'est rien par rapport à leurs homologues américains. Et il leur tient la dragée haute sans aucun problème. Grand public ne veut pas dire sans intérêt. Et c'est donc grandement que je vous recommande cette lecture.