La visite chez les parents de Holmes n'a pas été sans surprise pour Watson. Ce dernier en rêve, même, à présent... Ainsi, il lui paraît étrange que le vieux père de Sherlock est soigné par une vieille dame infirme, Miss Dumbley, apparemment une vieille amie de la famille Holmes. Pour autant, cette dame est infirme, et semble tout faire pour que le vieux Holmes reste dans son mutisme et ses délires de vieillard. Watson a une petite piste cependant : Miss Dumbley possède une canne qui appartenait au docteur Sparks, un notable londonien auquel Wiggins va pouvoir rendre visite...
Ainsi, Wiggins est amené chez le docteur Parks par des gamins des rues londoniens. Wiggins arrive alors que le docteur s'apprête à pratiquer une autopsie sur deux cadavres de bébés. L'un d'entre eux est le fils de Cavendish, un homme respecté qui s'oppose à ce que l'on charcute encore son fils. Pour lui, l'ancienne nounou, Judy Brown, est la coupable, et il est inutile de chercher à l'innocenter en pratiquant une autopsie.
La scène tourne à l'émeute lorsque Cavendish offre sur le champ une somme importante à qui lui amènera le cercueil de sa fille. Wiggins aide naturellement le docteur Parks et sa fille à rentrer dans leur demeure, afin de faire ressortir la vérité sur un procès qui fait les gros titres des journaux londoniens.
John Watson, de son côté, se rend à Pau avec sa femme. La ville a accueilli longtemps le petit Sherlock et sa famille en vacances, et il y a l'ancienne nounou de Sherlock qui y vit encore. Watson n'a qu'une idée en tête : retrouver la femme qui a épousé un fermier des environs, afin d'en apprendre un peu plus sur son défunt ami et sur sa famille. Notamment, pourquoi ne trouve t'il aucune trace de la mère Holmes ? Et qui est ce Vernet, un peintre qui a semble t'il peint la petite famille, sans la mère, alors qu'ils étaient en vacances à Pau ?
Voilà un troisième tome qui, disons le, se sera fait attendre. Il aura fallu quatre ans depuis la sortie du second tome, qui date de 2008. Autant être clair encore une fois : l'attente n'aura pas été vaine, et ce troisième tome de Holmes se hisse dans le top cinq des sorties de 2012. Tout simplement.
D'abord, le dessin de Cécil est, encore une fois, absolulment magnifique. C'est beau, fin, détaillé. Les recherches sur l'Angleterre victorienne suintent une nouvelle fois à chaque page. Les jeux de lumière sont bluffants, et les angles et prises de vue sont particulièrement recherchés et réussis. Graphiquement, c'est bien simple : on sent les heures de travail sur chacune des cases, et aucune n'est à jeter dans ce nouveau tome. Rien à redire de ce côté-là, avec une des bandes dessinées les plus réussies qu'il m'ait été donné de voir.
Côté scénario, il est évident qu'un garçon comme Luc Brunschwig ne nous laisse pas en reste. Les auteurs le disent aux-mêmes dans le cahier graphique réservé à la première édition, ils ont longuement tâtonné, fait des essais sur les différents chemins que pouvait prendre cette histoire. S'attaquer à la famille et aux origines d'un personnage comme Sherlock Holmes est loin d'être une mince affaire, et Brunschwig parvient à hisser son récit à un niveau extraordinaire, et à réussir le pari !
Ici, nous suivons Wiggins, un jeune détective recommandé par Sherlock Holmes lui-même, dans Londres, à la rencontre d'un personnage fascinant qui devrait permettre d'en savoir plus sur le père et la servante de Holmes. De l'autre, on suit le couple Watson en voyage entre Bordeaux et Pau, l'occasion de voir entre parenthèses le dessin de Cécil à la campagne, et non à Londres ou dans des villes futuristes comme dans Le réseau Bombyce. Le couple en question enquête donc de son côté, pour avoir un autre point de vue sur la famille Holmes.
Et que dire d'un personnage comme Mycroft, mystérieux à souhait également, charismatique, un homme de l'ombre qui devrait prendre encore une belle ampleur dans la suite de l'histoire.
Quel troisième tome fantastique ! On en vient à comprendre pourquoi l'attente aura été si longue, et le débat est relancé sur le temps nécessaire pour avoir des oeuvres de cette qualité. La seule crainte à présent est de devoir encore attendre quatre ans pour poursuivre ce qui est sans nul doute la meilleure série sur Holmes, mais si la qualité est à ce niveau là, ce sera sans problème. A noter que Sherlock a beau être mort (et encore, en est-on sûr ?), il est encore bien présent dans les flashbacks, les souvenirs, et les rêves de Watson...