Les Chroniques de l'Imaginaire

Le supplice de la vierge (Zodiaque - 6) - Corbeyran, Eric & Lannoy, Nicolas

La nuit, dans un immeuble. Un homme est réveillé en pleine nuit. Il ne sait pas trop pourquoi. Puis il entend comme un chuintement et distingue un filet de brume bleue dans sa chambre. Intrigué, il prend l'arme qu'il garde dans sa table de nuit et suit la volute. Sur le palier, il distingue, au bout du fil de brume, le spectre d'une femme nue. Elle se jette sur lui et il lui tire dessus, sans effet. Elle est déjà morte ! Il appelle ensuite une certaine Evgueniya pour lui dire qu'"elle" est revenue.

Deux mois plus tôt, à Moscou. Nous suivons Selena Takian. C'est une employée tranquille et discrète. Elle semble plutôt coincée et ne fait rien pour se faire remarquer. Dans la rue ou les transports, elle rase presque les murs, de peur de déranger, sans doute. Quand elle rentre chez elle, elle nourrit son chat puis s'enferme dans la petit pièce au bout de son couloir. Personne n'a le droit d'y entrer, pas même son félin. C'est là que Selena écrit ses romans. Parce qu'elle est une auteur à succès : Elena Satanik. Avec déjà dix romans à son actif, elle mélange sexe et horreur extrêmes dans un style qui ravie les fans mais fait aussi se hérisser les poils des puritains de tout genre.

Après une dédicace, Elena va se faire enlever. Débute alors un long calvaire pour elle.

Voici deux tomes consécutifs de Zodiaque qui mettent en scène des spectres. Là où La part du lion utilisait un spectre pour passer un marché, Le supplice de la vierge l'utilise pour une vengeance. Une vengeance qui vise à pousser à la folie des êtres qui, sous couvert de puritanisme et de défense de valeurs, font encore pire que ceux qu'ils combattent. L'idée de la vengeance sous cette forme est plutôt bonne, mais il a manqué quelque chose dans son utilisation pour qu'elle soit véritablement convaincante. Peut-être qu'en tome isolé, ou en tome un peu plus espacé de La part du lion, cela aurait un peu mieux fonctionné, mais là, ça marche moins bien que les tomes précédents. De plus, l'horreur qu'on devrait ressentir n'est pas assez présente. On n'arrive pas vraiment à être terrifié par la vengeance ni à être effrayé par les ravisseurs.

Le dessin de Nicolas Lannoy est lisible mais manque parfois un peu de détails. Les cases utilisent de forts encrages, un peu comme le fait Igor Kordey. Il manque peut-être un brin d'expression dans les attitudes et les visages pour qu'on soit dans l'histoire.

Des six premiers tomes de Zodiaque, celui-ci est pour moi le moins bon. Je ne dirais pas qu'il est complètement raté, mais il lui manque clairement quelque chose pour donner une bonne lecture.