Les Chroniques de l'Imaginaire

Drive

Cet homme est mécanicien ou cascadeur en voiture le jour. La nuit, il lui arrive de conduire des voitures pour des clients pas clairs. Le deal est simple : il leur laisse cinq minutes. Pendant ce temps, ils font ce qu'ils veulent, sans restriction. Lui ne regarde pas ce qu'il se passe, s'en fout, mais ne participe pas non plus. Il n'aura pas d'arme. Et une fois les cinq minutes passées, quoi qu'il se passe, il les laissera en plan. Les termes sont clairs et précis et personne n'est surpris. Ce qu'il veut, lui, c'est conduire et ressentir cette adrénaline due à la poursuite qui se déroule souvent avec la police. Parce que ceux qui font appel à ses services sont souvent des braqueurs.

Après sa dernière conduite, il change d'appartement. Rapidement, il va faire la connaissance de sa voisine, Irene. Elle vit seule avec son fils, Benicio. Son père, Standard, est en prison. Il va l'aider avec sa voiture et mettre les pieds dans sa vie. Une attirance apparait entre eux, mais lui a une réelle relation avec Benicio, aussi. Et il ne veut pas perdre ça. Et puis, Standard sort de prison. Il est bien décidé à ne plus refaire les mêmes erreurs et à profiter de sa femme et de son fils. Seulement, il doit de l'argent à ceux qui ont assuré sa protection en prison. Et ils le lui rappellent en le tabassant violemment devant son fils. Le conducteur va donc proposer ses services à Standard pour un coup. Avec toujours le même deal, par contre. Il ne fait pas pour lui, mais pour protéger Irene et Benicio.

Et les choses vont mal tourner…

Drive, à sa sortie, a fait pas mal parler de lui. C'était un thriller qui n'était pas bâti comme les autres. Un film d'action qui ne fonctionnait pas comme les autres. Bref, une nouveauté dans un paysage souvent bouché par des films trop formatés. Quoi de plus normal de la part de Nicolas Winding Refn, à qui l'on doit l'exceptionnel Bronson ?

Le film repose, selon moi, sur deux choses. La première, c'est le jeu de Ryan Gosling, qui joue donc le personnage principal, le seul qui n'a pas de nom. Il est à la fois extrêmement puissant tout en étant minimaliste à l'extrême. Il n'a que peu de répliques et tout se passe dans son regard et son visage. Il n'exprime que peu de sentiments ; son personnage est un solitaire comme on n'en fait plus au cinéma depuis longtemps. Une sorte de cowboy citadin des temps modernes. Mais il a quelque chose en lui, une violence, une rage, qu'il contient. On ne sait pas d'où elle vient, mais quand il la laisse se déchainer, elle fait des ravages. La seconde, c'est la réalisation de Nicolas Winding Refn. Elle aussi est assez minimaliste. Pourtant, elle est originale et nerveuse et donne du rythme à ce film qui a tout de même une partie assez lente. Les cadrages sont bons et des scènes sont vraiment d'anthologie, comme cette fameuse scène de l'ascenseur, charnière dans l'histoire. Parfois, un budget restreint oblige à se surpasser pour faire quelque chose de bon. Et c'est souvent là que le génie s'exprime.

Avec un rythme qui lui est propre, un jeu qui s'affranchit des longs discours et un concept fort, cette adaptation du livre éponyme de James Sallis frappe fort. Une expérience riche pour qui aime les thriller nerveux et originaux.