"Je serai poète, écrivain, dramaturge. Dune façon ou dune autre, je serai célèbre, quitte à avoir mauvaise réputation". Oscar Wilde fut célèbre. Malheureusement on ne se souvient de nos jours que trop souvent du Portrait de Dorian Gray (le film, pourquoi lire le livre ?), ou de la fameuse phrase qui servait en son temps dintroduction à un produit phare de la téléréalité: "Le meilleur moyen de résister à la tentation, c'est d'y céder". Du reste de ces écrits, néant dans la culture populaire francophone. Folio vient heureusement de combler ce cruel manque avec Maximes et autres textes. Ces quelques cent pages fourmillent de traits dexcellence et de bons mots qui illustrent à merveille tout le génie si peu conventionnel de Mr Wilde. Un petit côté licencieux qui fit de lui un homme populaire dans les salons londoniens.
Humour acide "english style", regard acéré sur la société et ceux qui prétendent la mener (politiciens, scientifiques, philosophes), voilà les armes de destruction langagière que le dandy irlandais manie à la perfection, sensément pour instruire les "personnes trop instruites", ou informer "les jeunes gens". Son sans-gêne ne rate aucune occasion de faire mousser la gentry à coup de mini bombes scandaleuses enrobées dun style satirique digne des meilleurs Juvénal.
Mais Oscar Wilde est avant tout un homme du monde. Entouré de déesses charismatiques resplendissant sur les planches, il surfe sur la vague du chic et se fait homme de théâtre. Ces premières créations sont un fiasco. Tenace, il change de forme et reprend le fond qui lui réussit si bien. Il publie alors des écrits didactiques sous formes de pièces, Le déclin du mensonge ou de récit de voyage, Impressions dAmérique, sans jamais se départir de son coup dil photographique cru qui le rend si désopilant pour nous, si perturbant pour ses contemporains.
"Autrefois, les livres étaient écrits par les hommes de lettres et lus par le public. Aujourdhui, ils sont écrits par le public et personne ne les lit". CQFD !