Quatre nouvelles, quatre styles, quatre sensations.
Jean-Pierre Favard nous propose un travail autour des maisons, des secrets, des malédictions en quelque sorte. Le fil rouge étant défini, il décline ensuite.
Mauvaises vibrations est une histoire courte ou un couple de randonneurs en perdition trouve refuge dans une ancienne demeure apparemment inhabitée. Enfin refuge...
On a finalement bien peu d'informations à assimiler dans cette nouvelle, et dès les premières lignes, on sait pertinemment comment elle va se terminer. Est-ce l'inelluctabilité qui renforce cette sensation de puissance qui ressort de cette petite histoire ? Ou est-ce peut être l'anonymat relatif des protagonistes qui nous donne la sensation que cela aurait pu arriver à n'importe qui ? Quelques pages seulement, un peu comme une introduction qui nous fait espérer derrière un monument... ça commence donc plutôt bien.
Ghost'n'Roll Baby redonne sa place au groupe de rock dans une histoire de fantômes. L'intrigue est bien ficelée, et les personnages de rockeurs repentis sur le retour sonnent au fond plutôt juste. La sensibilité qui s'exacerbe au fur et à mesure des heures passées dans la maison a une excellente courbe. Je ne veux pas trop en dire, mais je regrette tout de même un peu la fin un peu trop facile, une peu trop "humaine". Et pour le coup, on ne pouvait pas réellement savoir comment tout cela se terminerait et j'aurais sincèrement voté pour quelque chose d'un peu moins pragmatique. Mais globalement, c'est encore une bonne lecture.
La seconde mort de Camille Millien m'a par contre franchement emballée. Quand un étudiant apparemment comme les autres se retrouve confronté à son passé dont il ne parle plus depuis dix ans, il ne semble pas toujours que cela puisse provoquer autant de remue ménage. Lâme du défunt qui n'a pas trouvé la paix, et qui revient hanter ceux qui restent, on connait. Mêlez tout cela à une tradition druidique, à une disparition mystérieuse et à des légendes locales, et vous aurez un cocktail détonnant.
Les personnages sont très fins, malgré le peu de temps dont disposait l'auteur et également très crédibles. L'histoire est fluide, complètement fantastique et pourtant raccrochée à une certaine réalité. Et jusqu'aux tous derniers mots, la fin n'est pas acquise. Elle est même particulièrement perfide...
L'architecte... Non, sur celle ci je ne vous dirais rien, vous devez la lire par vous-même. Je peux juste préciser qu'il est parfois bon qu'un peu d'humour nous ramène à une certaine forme d'humilité.
Le destin des morts vaut le temps que vous vous y attardiez.
