Les Chroniques de l'Imaginaire

French Kiss 1986 - Falardeau, Michel

Alors que le repas du soir s'éternise parce que Leïa, la petite, ne veut pas finir son assiette, voici que Lucas, le grand, demande à ses parents comment ils se sont rencontrés. Etienne, le père, reste interdit parce qu'il ne comprend pas pourquoi son fils se pose ce genre de questions, lui qui est plutôt branché jeux vidéo d'habitude. Etienne met deux conditions à cette histoire : la première c'est que les assiettes soient terminées (il n'aurait pas dû dire ça parce que Leïa plonge sa tête entière dans la purée qu'il lui reste) et que lorsque le moment de se coucher sera arrivé, personne ne fasse d'histoires. Les enfants semblent d'accord pour cela et l'histoire peut commencer. Par contre la mère s'éclipse et laisse Etienne se débrouiller tout seul avec ça.

Donc, tout a commencé à l'été 1986. Etienne avait alors neuf ans et avait été marqué par Les Goonies. Et alors que l'été s'annonçait ennuyeux, il se dit que lui aussi pouvait vivre de grandes aventures avec des pirates dedans. Et d'ailleurs, les pirates, ça seraient eux ! Mais pour que les choses soient vraiment amusantes, il lui fallait une bande de pirates ennemis. Il ne lui fallut pas trop de temps pour trouver un chef pirate qui voudrait bien l'affronter : La Rousse. Une fille garçon manquée qui aurait été capable de battre n'importe quel garçon de n'importe quelle manière. Chacun allait donc se faire une bande de pirates et le choix n'allait pas être trop difficile ; il y avait déjà des rivalités entre les rues Beaulieu et Perron. Mais il fallait aussi qu'il y ait une fille dans cette histoire. Toutes les histoires de pirates ont une fille, non ? Et ça allait être Marie, la belle Marie dont Etienne était amoureux. Elle n'allait pas forcément être au courant de tout ça, mais ça allait être elle.

Mais les choses, partant d'une simple histoire pour s'amuser, allaient quelque peu dégénérer…

Michel Falardeau raconte, avec French Kiss 1986, une belle histoire d'enfants. Qui n'a jamais rêvé de vivre de belles aventures comme dans les films et les livres alors qu'il s'ennuyait ? Eh bien, Etienne et ses amis ne vont pas attendre que cela leur tombe tout cuit dans le bec mais vont faire en sorte de vivre leurs aventures. Cela va dégénérer à un moment, mais ils auront été au bout de leur idée. C'est donc une histoire d'aventures que nous propose Falardeau et à aucun moment on ne s'ennuie dans cette lecture qui aurait pu paraitre un peu molle de prime abord. C'est aussi une histoire d'amour que l'on va suivre. Si Etienne raconte son histoire, c'est pour narrer sa rencontre avec sa mère. D'ailleurs, c'est marrant de voir comment la petite Leïa réagit à ce qu'il dit. Elle prend tout au premier degré, comme tous les petits, et il va arriver des moments où Etienne devra faire preuve de tact pour rattraper ses bourdes. Enfin, c'est une histoire humaine, d'amitié et de rivalité. Oui, à neuf ans, on est durs les uns avec les autres. Les enfants ne sont pas tendres entre eux, souvent même méchants, et cela se sent parfaitement dans cette histoire. C'est donc une histoire captivante qui vous est proposée et je ne peux que vous conseiller de vous y plonger. Le dessin est très stylisé, comme le montre la couverture. Mais il est dynamique et très lisible. Il donne un style à l'histoire qui rajoute encore au côté enfantin et aventurier. Il cadre donc parfaitement au propos. On y sent parfois quelques influences manga légères, notamment dans les visages exagérés sur des émotions particulières (comme celles de Leïa).

Finalement, je n'ai rien de bien négatif à dire sur cette bande dessinée qui, je dois l'avouer, m'a surprise mais du bon côté. La seule chose qui manque c'est une traduction des expressions typiquement québécoises qui auraient pu être utile par moment.