Brigitte Desforges est flic. Pas en civil, pas passe-partout. Elle est flic en uniforme, un képi comme on dit de manière peu élogieuse. Malgré toutes les contraintes de son métier, elle l'aime. Elle a voulu le raconter à travers des livres. D'abord avec Flic, puis avec Police mon amour. Séra a adapté Flic pour le mettre en images. Des images fortes, des images comme il sait en faire. On connait son trait et son envie de montrer le vrai, le monde tel qu'il est. On pourrait donc s'attendre à quelque chose d'écurant, visuellement parlant. Pourtant, c'est avec beaucoup de pudeur qu'il a abordé ce livre. Je ne suis pas certain que ce soit de la retenue, parce que certaines histoires sont sordides et crues, mais il a préféré de pas tomber dans la facilité des images trop choc qui provoquent, titillent, mais finalement n'apportent pas grand-chose.
Flic est donc constitué de morceaux choisis. Tout le texte n'est pas là, forcément. Nous allons croiser des anonymes et suivre les interventions de Brigitte dans son quotidien. Elle va nous faire découvrir ce qu'est ce métier sur le terrain. Elle nous parlera de ce fameux Chiffre qu'il faut faire et qui hante le travail des policiers. Elle nous présentera les choses avec des phrases qui font mouches : "Quand les pompiers arrivent quelque part, les gens disent "ouf" ! Quand les flics débarquent, ils disent "merde"" ou bien "Les gens ont toujours bien aimé les histoires de flics. Mais les gens n'aiment pas les flics". On pourrait croire que ce livre n'est qu'un plaidoyer en faveur de ce métier. Il l'est, inévitablement, mais c'est aussi une manière de montrer que ce que connaissent les gens du métier de flic est souvent tronqué par ce qu'ils voient à la télévision, principalement dans des séries. Tout n'est pas aussi propre ; même quand c'est sale, dans un écran de télévision c'est toujours plus propre qu'en vrai. Et puis, c'est aussi une façon de parler d'un métier que Brigitte Desforges aime. Elle parle bien sûr des a priori que les gens ont sur les policiers. Forcément, le trait est forcé, mais cela montre bien quand même ce que les gens pensent. Et pas besoin d'être un anarchiste pour penser ce genre de choses. Même les gens bien-pensants n'aiment pas voir les flics débarquer et leur demander leurs papiers, par exemple quand ils roulent trop vite. Ce qui est dommage c'est qu'elle ne parle que très peu des excès de ses collègues, ce qui a donné cette mauvaise image. Elle en parle, mais pas assez. Bien sûr, les gens forcissent toujours les traits, caricaturent les autres, mais il y a toujours une base de vérité, non ? Mais ce n'était pas le but de ce livre.
Je ne suis personnellement pas attiré par cette profession. J'ai, certainement comme tout à chacun, des exemples de choses qui m'horripilent chez eux, les flics. Pourtant, cette lecture est belle. Belle parce que c'est une histoire vraie, parfois horrible, rarement tendre, mais c'est le choix d'une vie. Un choix défendu, assumé, malgré tout ce qu'on peut dire. Et, une nouvelle fois, Séra met cette histoire magnifiquement en images.