On retrouve le cadavre de Lorne, une jolie adolescente de quinze ans très populaire, au détour d'un chemin dans les bois. Elle est défigurée par un coup au visage, a été violée à plusieurs reprises, et bâillonnée avec une balle de tennis qui a fait éclater la commissure de ses lèvres. La police de Bath n'en revient pas, ayant rarement eu à faire à un meurtre de ce genre, d'autant plus que Lorne appartenait à une famille aisée et sans histoires. A affaire exceptionnelle, mesures exceptionnelles : une psychologue profileuse est dépêchée pour les aider à élucider ce meurtre hors du commun.
Elle met rapidement l'accent sur l'idée que le meurtrier de Lorne puisse faire parti de son entourage. Pour elle, il faudrait même chercher, dans les garçons de son âge, quelqu'un qu'elle aurait côtoyé tous les jours et en qui elle aurait eu confiance. Foutaises... pense Zoé, membre de l'équipe. Pour elle, les pistes de la psy ne sont rien d'autres que des élucubrations. Elle décide donc de faire cavalier seul, et retourne fouiller la chambre de l'adolescente. Là, elle trouve une carte mémoire contenant des photos de Lorne dénudée. Sachant que la jeune fille rêvait de devenir mannequin, Zoé fait le tour des agences de la ville et se trouve bientôt sur la piste d'un pornographe dangereux qu'elle a connu lors de sa propre adolescence tourmentée...
A quelques kilomètres de là, Sally ne dort plus, perturbée par le sort funeste de Lorne, qui était une amie de Millie, sa fille de quinze ans. Elle ignore que Zoé, sa sur qu'elle a perdu de vue depuis des années, travaille sur cette affaire.
Sally est également préoccupée par de gros problèmes d'argent. Elle sort tout juste d'un divorce qui les a laissées, Millie et elle, dans une situation plus que précaire. Ce qui va la pousser à accepter un travail offert par un patron douteux.
Sally et Zoé l'ignorent encore, mais la vie a décidé de les réunir.
On retrouve dans Les lames tout le talent de la britannique Mo Hayder. Sous des dehors lisses, ses personnages, son intrigue et son propos se révèlent complexes et retors. J'ai beaucoup apprécié son habileté à lier les histoires de Sally et Zoé, les faisant évoluer chacune de leur côté pendant une bonne partie du roman avant de leur offrir d'éprouvantes retrouvailles. J'admire également sa capacité à distiller l'horreur tout doucement, l'air de rien, dans le quotidien de personnages qui apparaissent d'abord comme très banals. Enfin, le dénouement qu'elle propose m'a complètement retourné les tripes, comme l'avait fait celui de L'homme du soir, son thriller paru en 2002 chez Presses de la cité.
Une grande réussite, une fois encore, sur laquelle les amateurs de sensations fortes peuvent se jeter sans hésiter !