Les Chroniques de l'Imaginaire

La peau de l'ours - Zidrou & Oriol

Amadeo est un adolescent italien qui, tous les jours, monte sur son vieux vélo pour aller lire l'horoscope à Don Palermo, un vieillard aveugle, qui porte des lunettes de soleil, et qui semble avoir mené une vie bien remplie. Alors que l'horoscope du jour est encore décevant, notamment en ce qui concerne l'amour, Don Palermo se met enfin à parler de son passé, pour la première fois. Le vieillard a travaillé dans un cirque dans sa jeunesse, un cirque où il a vite perdu son père...

Celui-ci a été tué par le fakir du cirque, l'amant de la mère de Don Palermo. Le jeune homme d'alors n'est nullement émotionné par cette perte paternelle, et soigne maintenant son inséparable ours. Don Palermo est dompteur à la place de son père, et il lui arrive d'assister à des soirées mondaines pour y arrondir les fins de mois. C'est au cours d'une de ces soirées qu'il fait la connaissance de Don Pomodoro, un mafieux influent qui a toujours eu l'habitude de tâcher de sang son beau costume blanc, de façon quotidienne. Pomodoro tue froidement l'ours de Palermo, et embauche ce dernier après l'avoir fait déniaiser.

C'est ainsi que Don Palermo, bien qu'il ait juré de tuer un jour Pomodoro, après qu'il aura sa totale confiance, entre dans le clan. Un jour, il assiste au meurtre d'un barbier qui a simplement fait une petite estafilade à Pomodoro... La confiance semble vite venir, et Palermo finit par entrer dans l'immense demeure de Pomodoro... Il y fait la connaissance de Mietta, la petite fille de Pomodoro. Une fille délicieuse qui fait la lecture d'un livre à Palermo, de façon de plus en plus érotique.

Le jeune Palermo devient alors fou d'amour pour Mietta, qu'il aime passionnément chaque nuit. Et chaque nuit, le risque est énorme, d'être pris en flagrant délit dans les bras de Mietta. Et puis, il y a toujours cette idée de vengeance qui est présente. Une vengeance qui permettrait enfin à Palermo de regagner la liberté, et l'amour libre de Mietta...

Zidrou, le scénariste de L'élève Ducobu, une série jeunesse très connue dessinée par Godi, en est à son second one-shot, après le très beau et très humain Lydie, paru chez le même éditeur. C'est dans une histoire mafieuse que le scénariste nous entraîne là, avec ce La peau de l'ours, en référence avec le drame brutal qui survient au début de la vie de Palermo.

Le récit se fait à deux niveaux, et est tout en flashbacks, avec ce Palermo vieillard, qui a perdu ses yeux, qui raconte chaque jour un peu plus de ses souvenirs. On le découvre donc adolescent, puis de plus en plus adulte, endurci par la proximité d'un des plus grands chefs mafieux de la région, et à la fois attendri et amoureux d'une jeune fille qui lui est interdite, et qu'il fera tout pour conquérir durablement.

Le contraste est donc ici flagrant, entre la douceur des moments intimes, et la cruauté et la violence gratuites de Pomodoro. C'est Oriol qui dessine ce tome, avec des personnages aux traits taillés à la serpe, qui conviennent parfaitement à des instants si durs, dignes de ce qu'on peut voir dans des films comme Le parrain. Les couleurs employées respectent également parfaitement le récit de Zidrou, pour souligner un excellent one-shot accrocheur, aux personnages délicieusement attachants.

La fin est également parfaitement réussie et inattendue, achevant un livre qui gagne à être connu : Zidrou est un scénariste complet, capable de faire autre chose que des gags pour enfant. C'est la seconde fois qu'il le prouve, de manière différente, mais avec toujours autant de qualité et de réussite !