Dans les années 70, Susie Salmon est une jeune fille comme les autres. Ce qu'elle aime, c'est prendre des photos. Et quand elle obtient son premier appareil, elle ne met que très peu de temps avant d'utiliser toutes les pellicules qu'on lui avait offert. Elle photographie tout et n'importe quoi. Mais peu importe, elle immortalise sa vie et celle de ses proches. Un jour qu'elle rentre de l'école en passant par un champ de maïs, elle croise George Harvey, un voisin. Celui-ci a, semble-t-il, mis quelque chose au point que tous les jeunes de la ville seront ravis d'avoir. Et il voudrait l'avis de Susie avant de le montrer aux autres. D'abord réticente, elle se laisse convaincre devant la proposition alléchante. Et elle l'est : une sorte de local construit sous le champ dans lequel les jeunes pourront se retrouver. Seulement, rapidement, la vie de Susie bascule. Elle est tuée mais son corps n'est pas retrouvé.
Du coup, ses parents, Jack et Abigail, sont toujours dans l'espoir de la revoir vivante. Là où Jack se lance à corps perdu dans la recherche d'indices sur sa fille, quitte à harceler le policier chargé de l'enquête, Abigail se renferme. Devant le poids de tout ceci, elle va décider de quitter sa famille, laissant mari et enfants derrière elle.
Mais Susie n'est pas totalement partie. Son fantôme est toujours retenu près de sa famille. Elle suit donc les doutes, les peurs et le chagrin de tout le monde. Elle essaye de guider les uns et les autres, pour que son meurtre ne reste pas impuni, pour que sa famille puisse avancer malgré tout. Et elle doit comprendre le nouveau monde dans lequel elle a atterri. Parce que ce n'est pas le paradis, pas encore.
Après le Seigneur des Anneaux ou encore King Kong, ses deux précédentes réalisations, et les plus connues, Peter Jackson s'attaque à l'adaptation du livre d'Alice Sebold, La nostalgie de l'ange. Nous sommes très loin des univers de fantasy on fantastique que le réalisateur affectionne. Mais, on le sait, il est capable de passer d'un film de zombies à quelque chose de beaucoup plus sensible et intimiste (Heavenly creatures). Seulement, ce film ne fait pas partie de ceux que ses fans connaissent le mieux. Du coup, à sa sortie, The lovely bones a beaucoup surpris. Par son rythme et son histoire qui, si elle possède des éléments fantastiques, en est finalement très éloignée. Et puis, par ces passages dans l'avant-paradis. Je ne sais pas ce qui tournait sur le plateau pendant le film, mais c'était de la bonne
Le film possède donc deux facettes. La première, c'est celle qui se passe sur Terre. Nous avons là un thriller savamment orchestré. Classique dans son histoire, il n'en est pas moins superbement interprété. Stanley Tucci, en tueur psychopathe, fait froid dans le dos. J'ai beaucoup apprécié sa prestation. Le reste baigne dans une ambiance sombre et angoissante. On plonge au cur d'une famille détruite qui essaye de relever la tête mais n'arrive pas à tourner la page. C'est poignant. La seconde, c'est celle qui se passe en compagnie de Susie. Elle est la narratrice de l'histoire et elle nous emmène aussi dans son nouveau monde. C'est un monde fait de doutes profonds et d'une certaine culpabilité à faire vivre tout cela à sa famille. Susie est aussi animée par un désir de vengeance. Mais il y aussi des moments de joie dans la découverte et dans la rencontre qu'elle fait. Et là, on se retrouve dans des scènes surréalistes dans cet univers qui n'est pas le nôtre. J'avoue avoir été surpris par ces scènes et je n'y ai pas totalement adhéré. Mais, c'est aussi ce qui fait que The lovely bones n'est pas un simple thriller qui, s'il est bien fait, serait peut-être passé pour un énième film sur le sujet.
Résolument à part dans la filmographie de Peter Jackson, The lovely bones est quand même un film plaisant à voir. La fin m'a interloqué ; je ne m'attendais pas à ce qu'elle soit comme ça. Pour voir un bon film prenant et oppressant par moment, comportant des scènes décalées au possible, ne cherchez plus.