Chien du Heaume est seule, et l'a toujours été, même avant que son père vienne s'éventrer sur la hache qu'elle tenait. Alors, du jour où Bruec, le Sanglier, lui ouvre la porte de son castel de broe, et où elle le reconnaît comme un autre soldat avec peur et reproches, elle l'adopte comme ami, comme cause et comme pays. Et par lui elle rencontre son épouse enfant, Noalle, le beau Iynge, Regehir le forgeron. Et la Salamandre.
Beau, fort, original et triste, ce n'est pas là un roman de fantasy comme un autre. Même s'il y a vaguement quelque chose de Cendres dans Chien (ce sont deux femmes mercenaires), la quête de celle-ci, et sa blessure originelle, sont totalement différentes. Le personnage de Bruec, cet Arthur mal dégrossi et non chrétien, équilibre le roman face à Chien et cette histoire peut être lue d'abord comme celle de leur amitié, à la fois discrète et féroce.
L'ambiance haut-moyennâgeuse est crédible, la psychologie des personnages, pour être parfois éloignée des standards (je pense à la Salamandre) n'en est pas moins crédible. Le style empoigne le lecteur, et même si l'action est finalement assez peu présente, on ne s'ennuie pas à la lecture de cette histoire. Enfin, dans les notes et autres addenda, l'auteure donne libre cours à une réjouissante drôlerie, qui rend leur lecture absolument indispensable.
Vraiment une belle réussite que ce premier roman, et il n'est pas surprenant qu'il ait obtenu le Grand Prix de l'Imaginaire en 2010 et le prix du meilleur roman français aux Imaginales la même année.