Les Chroniques de l'Imaginaire

Je ne suis pas un serial killer (Je ne suis pas un serial killer - 1) - Wells, Dan

Je suis un monstre. Je le sais. J'aime l'odeur de la mort, les corps sans vie, l'énergie vitale qui s'échappe. Pourtant, je dois combattre cette bête qui vit en moi et qui ne demande qu'à s'exprimer. Mes parents travaillent dans un funérarium. Depuis tout petit, je les accompagne dans la préparation des corps. Ce lieu est devenu, pour moi, comme un recueil. Mais cela peut devenir dangereux, de côtoyer quotidiennement la mort. Le monstre ne doit pas vivre.

Je ne suis pas un serial killer raconte le combat d'un jeune garçon pour ne pas devenir un tueur. Il sent en lui le besoin de la mort mais il ne veut pas être la terreur de sa ville. Sa mère et son psy ont perçu une différence en lui mais ils sont loin d'en connaître toute l'étendu. John Wayne Cleaver doit contrôler, seul, ses pulsions et pour cela il a établi des règles, des limites à ne pas franchir. Le roman de Dan Wells est très surprenant car l'auteur développe tous les méandres psychologiques d'un être instable mais conscient de cette double personnalité. Un bon travail où se mêlent doutes et déterminations pour sembler normal.

Or, cet équilibre déjà fragile est ébranlé par la présence d'un autre monstre sanguinaire. Pour John, cela ne fait pas de doute, il est le seul à pouvoir le combattre. Mais, pour cela, il faut libérer la bête qui est en lui. Saura-t-il la maîtriser ? Une recherche fabuleuse qui entraine le lecteur à se poser les mêmes questions et à peser le pour et le contre. Mais, seul, Wayne tient les rênes.

Le magazine Elle compare le personnage du roman à Dexter. Il est vrai que les deux sont des serial killer. Or l'un a décidé de céder à ses pulsions pour rendre justice. L'autre s'établit des règles pour étouffer sa nature. Ils ont aussi en commun d'être sociopathes. Pour eux, les émotions n'existent pas, ils ne ressentent rien. Ils ne comprennent donc pas les relations émotionnelles entre les personnes. Or, pour paraître "normal", ils s'efforcent, tous les deux, d'imiter ce langage.

Loin d'être un faible plagiat de Dexter, Je ne suis pas un serial killer présente, avec efficacité, le duel psychologique entre un jeune homme, soucieux d'appartenir à un groupe social et un monstre, avide de cadavres . Il manque, selon moi, un peu d'humour pour appuyer l'incongruité de cette situation.