A peine sorti de l'enfance, Lucien Chaillous se fait déjà remarqué dans son collège. Fils de médecin de famille, privé d'une mère aimante, il est prisonnier de son mal être. Et puis un jour, c'est le non-retour. Une professeur de mathématiques, inexpérimentée, en fait sa bête noire. Écoutant son meilleur ami, Hervé, trop téméraire, ils décident de kidnapper cette enseignante, trop sévère, juste pour lui faire peur. Mais le copain a un grave accident alors que la jeune femme est enfermée dans un maison isolée. Quelles solutions reste-il à Lucien pour conclure cette affaire ?
Pierre Boileau et Thomas Narcejac dépeignent, en toile de fond, les problèmes de l'adolescence : les éternelles questions d'identité et les premières bêtises pour se tester. A travers l'histoire de Lucien, les auteurs énoncent les difficultés pour passer de l'âge enfant à celui d'adulte. Ou comment être fier de ses réactions de responsable alors qu'on regrette la quiétude de l'enfance. Or, dans L'âge bête, Lucien, inconscient de la gravité de ses actes, découvre progressivement l'importance d'un jugement raisonné. Il veut surtout que son père le considère, lui, un homme en devenir. Puis, après l'accident, tout va se bousculer : le jeune homme se trouve, seul, devant une situation hors norme, fier de prendre ses propres décisions.
Il n'y a pas que le jugement de Lucien qui évolue au cours du roman. Le statut de la professeur de mathématiques connait aussi une progression. Elle est d'abord présentée, sous son titre, comme un tyran, l'autorité. Puis, après quelques temps d'observation, cette institution se métamorphose en personne. Apparait alors l'utilisation du nom de famille. C'est alors que Lucien prend en compte toute la dimension de ses actes. On connait ensuite le complexe de Stockholm où la personne enlevée tombe amoureuse de son kidnappeur. Mais, effet intéressant, c'est l'adolescent qui devient amant et jaloux.
L'âge bête est un bon roman psychologique où on voit évoluer la pensée d'un adolescent. Des observations pertinentes sont entamées. Cependant, les conclusions sont du domaine du connu et donc du prévisible, laissant un goût amer.
