Un tueur sévit à la Nouvelle-Orléans. Sa dernière victime est un prêtre et la police semble avoir beaucoup de mal à trouver des éléments pour arrêter le meurtrier. Curt Delatte est le meilleur enquêteur de la police criminelle. Seulement, la mort de sa fille il y a seulement quelques semaines l'a fait plonger sévèrement dans la dépression et l'alcoolisme. Pour couronner le tout, sa femme vient de lui annoncer qu'elle le quittait. Il a donc été mis sur la touche pour un temps. Un temps qui risque bien de devenir permanent s'il ne se relève pas dans les plus brefs délais. Son lieutenant n'a pas l'intention de le payer à ne rien faire toute sa vie. Pour lui, il est fini. Mais le coéquipier de Curt ne l'entend pas de cette oreille. Il compte bien bouger son collègue et s'occuper de lui. Il demande donc un nouveau délai au lieutenant pour reprendre les choses en main et mettre Curt sur l'affaire. Il y a de fortes chances que, sans lui, la police ait beaucoup de mal à coincer Sweets, le tueur qui ne laisse sur les lieux du crime que des bouts de pralines.
Sweets - Meurtres à la Nouvelle-Orléans frappe tout de suite par son graphisme hors norme. Kody Chamberlain, qui réalise l'intégralité de l'enquête, nous propose un style nerveux, audacieux, semblant brouillon par moment mais qui se révèle extrêmement travaillé quand on y regarde de plus près. Un découpage précis et intelligent vient compléter un travail aux prises de vue inventives. Les couleurs nous aident à plonger un peu plus dans cette ambiance sordide à souhait, dans cette Nouvelle-Orléans qui s'apprête à essuyer l'ouragan Katrina. À noter aussi des passages aux couleurs et aux traits plus enfantins, qui arrivent par moment dans l'histoire. Ces passages, même s'ils semblent tomber d'on ne sait où au début, sont d'une grande importance. Comme quoi Chamberlain est capable de créer autre chose, graphiquement parlant, pour l'intégrer dans un tout cohérent et bien fichu.
L'histoire met en place un inspecteur qui semble fini. Anéanti par la mort de sa fille, qui était le seul lien restant avec sa femme, il plonge de plus en plus profondément dans une vie de mutilation. Il va lui falloir une motivation extrêmement forte pour se remettre sur les rails. Le sera-t-il d'ailleurs ? La question n'est pas là. Nous suivons donc un homme détruit qui tente d'en arrêter un autre, tout autant démoli par la vie et qui n'a trouvé dans le meurtre qu'un exutoire à ses propres démons. Certes, les éléments ne sont pas des plus originaux, mais c'est manier avec tellement d'intelligence et de talent qu'on en redemande. La lecture se fait d'une traite et on plonge avec délice dans cette univers volontairement glauque au possible.
Nulle doute que si Kody Chamberlain décide de ressortir quelque chose, nous serons là pour en parler.