Regarder une gamine tuer de ses propres mains. Connaître un enfant différent des autres. Attendre lentement que vienne la mort. Apprendre que l'on est l'Antéchrist. Les limites entre les deux mondes de la vie et la mort sont minces ? Les adultes ont bien du mal à définir ces deux états. Quant à l'enfant, comment peut-il les connaître ? Ce recueil de nouvelles, écrites par Chris Adrien, nous interpelle à travers différentes histoires, toutes vécues par des enfants.
Entre ces neuf histoires, il n'est pas toujours facile d'en déterminer le lien commun. Ici, le mot clé serait la destruction. Le message n'est pas toujours aisé à traduire. Mais ce sont des textes traitant d'enfants, portant la destruction sur les autres et aussi sur soi-même. Chacun ont connu la mort, par le décès d'un père, d'une mère et ils retransmettent cette souffrance dans leurs actes, sans forcément avoir conscience de la teneur du geste.
Le texte le plus lisible est LArme Blanche où la gamine suit une chaîne de destruction croissante : du petit animal, comme le chat, jusqu'à l'être humain, son meilleur ami. Il y a aussi La somme de nos parties où, simplement, le sujet principal a cherché à se tuer puis dérive entre la vie et la mort, dans l'oubli, à la recherche de repère, de contact. D'autres nouvelles donnent pourtant l'espoir d'un vie meilleure, mais c'est toujours à la limite de la légalité. Dans Excès de vitesse, le garçon, délaissé par ses parents, cherche la reconnaissance d'un adulte. Mais c'est dans le sexe et la vitesse, qu'il pense y trouver son existence.
De mon point de vue, les autres nouvelles sont plus obscures. Mais il reste un point fort, un événement entêtant, qui a pris une part importante dans les écrits de Chris Adrien. Ce sont les attentats du 11 septembre aux États-Unis. Cette chaîne de destruction a brisé bien des vies : les personnes prisonnières des bâtiments, les proches des victimes. Le changelin, Antéchrist, pourquoi ? en sont des exemples. Il est évident que ce jour doit rester à jamais gravé dans nos mémoires. Mais quel impact a-t-il eu sur notre auteur ?
Un ange meilleur m'a fait froid dans le dos. Autant parle-t-il de mort, de destruction. Mais il met en scène des enfants dont on aimerait croire à leur innocence. C'est un recueil de nouvelles qui a su susciter bien des interrogations mais aussi des incompréhensions. A ceux qui sont avides duvres déconcertantes, laissez-vous tenter.
