Ah la famille Un microcosme social générateur de problèmes en soi et pour soi. Et si Louise et Armand avaient tellement rêvé leur famille, et espéré que la leur serait parfaite, sans problèmes, sans frictions, sans individualités, force est de constater que sur ces points ils ont échoué.
Leur aîné Albin a tenu et tient toujours la place du grand frère. Il comblait les attentes de feu son père, simaginait marin, et sest réveillé un matin éducateur. Il a déçu alors son géniteur. Et jamais débarrassé du poids de ce rejet, il continue de décevoir, jour après jour : sa femme ne veut plus de lui, et ses enfants le fuient. Jonas, le benjamin, a été le chouchou de la mère. Plus fragile, plus sensible, elle et lui formaient "une équipe" indissociable. Armand disait même que sa femme couvait trop leur fils. La preuve, il est homosexuel, et cest sa faute à elle. Jonas aujourdhui a dautres fardeaux à porter : le décès de Fabrice et la vie avec Hicham, si parfait, mais qui ne sera jamais Fabrice. Fanny, la cadette, coincée entre les deux garçons, navigue entre un présent vide de sens et un passé douloureux. Son fils adolescent ne lui parle plus. Mais elle ne voit pas que de son côté elle ne sadresse en pensée quà sa petite Léa, morte il y a des années. Les conjoints et les enfants dans tout ça ? Ils ne sont que des îlots de singularité supplémentaires ballottés par une mer omniprésente, par une famille peu rassurante. Finalement tous naspirent quà des choses simples : le bonheur et la tranquillité de corps et desprit...
Dans cette famille, on ne se passe pas seulement Le Sel à table autour dun repas, non, on rajoute du sel sur les plaies des autres. Seuls, ils ne seraient rien, ensemble ils se détruisent. Un huis clos à ciel ouvert, chacun perdu dans les méandres de son vécu et de ses pensées, voilà ce que montre ce roman de Jean-Baptiste Del Amo. Un ouvrage qui se passe dans les environs de Sète. Pourtant on ne voit pas le soleil, on ne le sent pas, tellement lambiance y est pâteuse et sombre. Et les fantômes qui peuplent les pages y sont pour beaucoup. Lauteur parvient par son écriture fine, clairvoyante et directe à nous plonger dans la tête des personnages.
Un roman très réaliste, un peu pessimiste, qui montre avec justesse comment des gens peuvent saimer profondément et pourtant ne plus supporter dêtre ensemble sans en venir aux mots ou aux mains.