Pepe Carvalho ne comprend pas pourquoi Don Ramon, le patron de Queta-Coiffure, veut connaître l'identité de ce type bien balancé "blond comme la bière est blonde", dont le seul signe particulier est un tatouage étrange. Il se demande aussi ce que fait Don Ramon dans ce salon de coiffure, alors qu'il a une tête de bourgeois.
Cependant, comme il est bien payé, il cherche. Et même, il trouve. Mais pour lui, l'affaire ne sera vraiment résolue que quand il aura fait le lien entre le mort et son client, et bien sûr qu'il aura trouvé qui a tué.
Dès cette première enquête, dont on ne peut que saluer la réédition, presque toutes les caractéristiques du personnage sont présentes : le goût de la nourriture saine et bien préparée, la fascination pour les humains et les villes qu'ils habitent, et, partant, pour les énigmes qu'on lui demande de résoudre. A noter cependant que cette "fascination" reste extérieure : il regarde les autres agir en total étranger, et leur porte la même attention précise mais distanciée, voire même moins intéressée, qu'aux paysages. Tout cela compose des romans au rythme lent, où l'intrigue policière, entre deux recettes de cuisine, n'est pas l'essentiel.
Celui-ci contient quelques portraits de femmes acérés, parfois cruels. La façon dont l'auteur met sur le même plan le discours gastronomique du détective et celui de l'Andalouse sur la prostitution donne un bon exemple de son style finement ironique. En somme, l'histoire est plaisante, bien racontée, et ce court roman fait passer un bon moment de lecture.