Johnny Jackson, surnommé Choker, est un ancien flic qui a été viré de la police. Mais comme l'enquête est son métier, il s'est fait détective privé. C'est pas vraiment le pied, mais ça lui permet de ne pas perdre toutes les habitudes acquises. Et à Shotgun City, le boulot ne manque pas pour lui. Seulement, il a de plus en plus de mal à s'enthousiasmer pour les enquêtes qu'il doit mener. C'est comme là, il planque en prenant des photos du maire en train de prendre en levrette une nana déguisée en porc sur la tronche de laquelle il a scotché une photo d'un de ses rivaux politiques. Pathétique. Mais quand le vieux semble faire une crise cardiaque, Choker ne bouge pas le petit doigt. Au grand dam de Seaton Price, son jeune associé, autant coincé que Choker est blasé. C'est dire.
Choker l'a quand même mauvaise de s'être fait lourder. Son métier, c'était toute sa vie. Mais la nouvelle politique, une incompatibilité avec une drogue révolutionnaire et un patron sans cur l'ont fait virer. Et il ne rêve que d'une chose : reprendre son ancienne vie. Aussi quand son ancien boss le contacte pour lui proposer de lui rendre son job, Johnny n'hésite pas trop. Même si la condition - retrouver un dealer du nom de Cassidy que Choker avait déjà envoyé en taule et que les flics n'arrivent pas à rattraper - sent quand même l'embrouille à plein nez. Surtout que Cassidy, en prince de la poudre, a trouvé un nouveau mélange qui semble transformer les gens. Pas seulement les faire planer, mais les transformer, physiquement.
De toute manière, Choker va devoir se remuer les miches parce que Cassidy a semble-t-il quelque chose à régler avec lui. De manière désagréable. Et violente.
Un nouveau Ben Templesmith, c'est un peu comme un cadeau de Noël en avance. Du moins, pour ceux qui apprécient son style graphique. Dont je fais partie. On va donc retrouver son style tout à fait caractéristique et inimitable pour nous faire plonger dans cette histoire sordide. Certes, nous sommes dans un univers flic-privé que l'on connait. Mais s'y ajoutent des vampires, des monstres à cinq têtes, des policiers surboostés à la limite du berserk, des collègues complètement barrés et une ville tentaculaire qui semble pouvoir nous phagocyter d'un seul geste. C'est donc un excellent terrain de jeu pour celui qui a fait de l'illustration de la violence, de la crasse et de la cruauté son crédo favori. Graphiquement, c'est donc tout à fait réussi, même si c'est très sombre et qu'il vaut mieux le lire prêt d'une lampe pour ne pas louper les détails.
Côté scénario, c'est du bon aussi. On part sur une base classique d'un gars complètement désabusé qui ne croit plus en rien, une sorte de Bruce Willis sans le marcel et avec un imper, on le plonge dans une ville bien merdique et on y ajoute des éléments fantastiques qui semblent parfois sortir tout droit de la zone autour de Tchernobyl. On saupoudre de vampires drogués et d'un méchant ultra sadique et on obtient le scénario de Choker. On n'a pas le temps de s'ennuyer et on se régale. Il faut juste aimer plonger le nez dans la merde d'un monde pourri. Ben McCool s'en sort en tout cas parfaitement et offre un scénario qui convient parfaitement à Ben Templesmith.
Les amateurs apprécieront sans aucun doute cette nouvelle production. Pour les autres, c'est peut-être l'occasion de s'y mettre.