Les Chroniques de l'Imaginaire

Le renard (Love - 2) - Brrémaud, Frédéric & Bertolucci, Frederico

Sur une île perdue du Grand Nord, la vie sauvage se déroule suivant une certaine routine. Les dernières feuilles d'automne tombent dans les vallées, tandis que plus haut les montagnes sont déjà recouvertes d'un épais manteau de neige. Les mouflons caracolent dans les hauteurs. Sur la plage s'ébattent les éléphants de mer... Prenant bien garde à éviter les dangereux affrontements des puissants bœufs musqués, une renarde borgne chasse de petits animaux.
Et soudain, c'est l'explosion. Le volcan qui domine l'île vomit des projectiles brulants et du magma en fusion. Parmi la faune sauvage, c'est la panique. Tous les animaux essaient de fuir, le plus vite et le plus loin possible. Tous, sauf notre renarde. Envers et contre tout, elle file à contre-courant vers le pied du volcan en furie, portée par un amour plus fort que l'instinct de fuite !

Que c'est beau ! Les dessins sont absolument superbes, avec une grande puissance d'évocation : c'est ce que l'on voit de prime abord en ouvrant cet ouvrage.
Chaque case nous présente des animaux sauvages en pleine action, dans un cadre naturel enchanteur. Ils sont magnifiquement rendus, expressifs sans anthropomorphisme. C'est régulièrement notre renarde rousse, dont on suit le parcours dangereux parmi d'autres espèces qu'elle se garde bien de provoquer. Mais aussi, et tout aussi souvent, d'autres animaux terrestres : ours blanc ou brun, porc-épics... Des oiseaux, comme l'aigle ou un groupe de fous de Bassan. Ou encore les animaux marins, orques ou cachalots, que l'on découvre depuis les profondeurs glacées de l'océan. Chaque fois, c'est toute une série de cases qui se suivent, qui nous permettent de rentrer dans la vie de ces bêtes un court instant : des combats souvent, livrés contre des congénères, contre des prédateurs ou simplement contre les éléments déchaînés...
La BD a beau être entièrement muette, ces tranches de vie, d'abord relativement paisibles puis bientôt éperdues, sont poignantes. Loin d'une simple succession de dessins sans rapport, cela s'enchaîne sans temps mort dans une histoire qui a un vrai scénario. La fin apporte une note d'espoir fraîche et bienvenue après la panique des pages précédentes.

J'avais flashé sur la couverture, mais l'intérieur est encore bien meilleur. Des dessins splendides et très vivants, une ambiance très bien rendue, une histoire sans parole mais pleine d'émotion. Une œuvre d'art à feuilleter encore et encore.