Les Chroniques de l'Imaginaire

Virtus, le sang des gladiateurs (Virtus, le sang des gladiateurs - 1) - Gibbon & Shinanogawa, Hideo

Nous sommes en 185 après Jésus-Christ, à Rome. Dans les arènes du Colisée, une jeune femme à moitié nue est attachée par des chaines à un poteau. Autour d'elle, les cadavres des gladiateurs qui ont voulu la protéger du lion affamé qui rôde. Elle est apeurée et voit sa mort approchée à grand pas quand le lion se jette sur elle. Mais ce ne sont que les viscères du lion qu'elle voit finalement voler dans les airs. Il a été coupé en deux par un homme, fort, puissant, impitoyable : Commode, l'empereur en personne. Commode aime par-dessus tout la violence et le sang et il en régale son peuple le plus aisé dans les jeux des arènes. Seulement, cela ne plait pas au sénateur Liberius qui vient s'en plaindre auprès de César. Il argumente que le peuple meurt de faim et qu'il n'est pas bienvenue que les riches en profitent ainsi alors que tout près d'eux des gens n'ont rien. Marcia, une concubine de Commode, accompagne Liberius pour appuyer sa requête. Mais elle ne sera pas retenue puisque César saute depuis le sol de l'arène pour venir pourfendre d'un coup le malheureux sénateur venu défendre la juste cause. C'en est trop pour Marcia qui décide d'aller voir Gruba, une sorcière, afin de trouver une solution pour mettre fin aux atrocités de l'empereur. Cette solution se trouverait dans le futur, dans un autre pays.

En 2008, au Japon, Kamio est un jeune prisonnier que les surveillants maltraitent. Cela fait plusieurs jours qu'ils l'empêchent d'aller aux toilettes. Forcément, il s'est fait dessus et là, les surveillants s'en prennent à lui parce qu'il pue la merde. Alors qu'ils sont prêts à lui mettre un Kärcher dans l'anus pour nettoyer tout ça, Narumiya intervient. C'est un géant, ancien champion du monde de judo, qui se trouve enfermé pour meurtre. Mais il prend Kamio dans les bras pour l'emmener à l'infirmerie. Les matons ont beau le frapper, de même que le directeur de la prison, rien n'y fait, il ne bronche pas et protège même Kamio. Et finalement, il va l'emporter à l'infirmerie.

Une semaine plus tard, dans la cour de la prison, Kamio et Narumiya se font aborder par Haijima. C'est un jeune homme à la langue bien pendue qui a reconnu Narumiya et sait pourquoi il est là. Apparemment inconscient, il tente de le faire sortir de ses gonds. Il y est presque arrivé quand un fort vent se lève. Apparait alors au milieu de la cour une femme étrange encapuchonnée. Quand elle est persuadée d'avoir mis la main sur Takeru Narumiya, elle fait jaillir de ses paumes une lumière aveuglante. La cour de la prison se vide et tout le monde se retrouve… au milieu des arènes du Colisée.

En me plongeant dans Virtus, je savais que j'allais me retrouver dans les arènes au milieu des gladiateurs. Je savais aussi que ça allait être sanglant. Et je n'ai pas été déçu ! Les dessins de Shinanogawa Hideo nous propulsent avec force dans l'univers sans concession de ce monde barbare qui fut le nôtre. Marcia, en allant chercher un homme de notre époque, veut faire retrouver à son peuple la Virtus, cette qualité, cette droiture, cette force d'âme, qui a été perdue et qui amène les gens à se réjouir devant la souffrance toujours plus forte des gladiateurs. Il est temps qu'une personne arrive à vaincre César et à lui faire entendre raison pour que les choses redeviennent comme avant et que les romains puissent à nouveau retrouver leur Virtus.

Tout cela va passer par un combattant japonais, un judoka, qui va tenter d'employer son art pour défendre les autres ainsi que lui-même, sans jamais vouloir tuer. Bien sûr, il va arriver des moments où il faudra qu'il fasse ressurgir la bête qui est en lui, mais ce sera toujours à contrecœur. Nous savons vaguement ce qu'a fait Narumiya pour atterrir en prison, mais sans connaitre les détails. Pour l'instant, ce que nous savons nous suffit puisque ce n'est pas forcément le passé des protagonistes qui nous intéresse. On veut plonger dans la violence et la mort des arènes. On sait que c'est mal, mais on y prend plaisir. Surtout qu'on espère quand même que Narumiya en sortira vainqueur et qu'il fera avancer le peuple romain dans le bon sens.

Mis à part quelques problèmes de proportions des personnages, notamment dans les cases les moins détaillées, souvent en arrière-plan, Virtus possède un dessin de grand qualité. Son scénario, un peu basique c'est certain, arrive tout de même à nous captiver. Le tout fait que ce premier tome est une excellente surprise. En espérant que la suite soit de la même qualité.