Sous-titré "Pourquoi on tue au XXIe siècle", cet essai s'applique à mettre en relief comment les contraintes écologiques, notamment en terme d'accès aux ressources vitales, s'ajoutent à d'autres pour contribuer à créer ou amplifier des conflits violents.
Pour ce faire, après avoir rappelé que la violence a toujours été constitutive des sociétés humaines, il s'attache à montrer les différences entre la violence de masse du passé, du présent et possiblement de l'avenir. Pour étudier les processus d'exclusion des "réfugiés climatiques", que l'on peut sans risque d'erreur prévoir de plus en plus nombreux, il met en regard les processus bien connus utilisés par les nazis envers les juifs, et les réactions de la population allemande à ce moment-là.
Ecrit de façon passionnante, vivante, ce livre fait froid dans le dos, à plusieurs niveaux. Certes, il n'est plus guère de gens de nos jours pour nier la réalité du réchauffement climatique, mais que les sociologues, psychologues, voire politologues ne se soient pas davantage intéressés à ses effets sur les sociétés humaines laisse plus que songeur. Il est sûr que le plus grand nombre de ces savants et chercheurs vit dans la partie du monde la moins touchée par le phénomène, mais quand même...
De plus, voir regroupées en un même ouvrage les différentes guerres en cours, dont on n'entend pas forcément parler en même temps par ailleurs, fait mesurer à quel point les pays occidentaux vivent dans une "bulle de paix" qui n'est guère qu'une illusion dangereuse.
Le corpus de notes est excellent, et la bibliographie impressionnante. Quant au français de Bernard Lortholary, il est parfait et très agréable à lire. En somme, pour qui souhaite être informé de l'état du monde et ne craint pas de se "plomber le moral" durablement, c'est une lecture très recommandable, sinon indispensable.