Miriam, douze ans, a disparu. Ses parents la recherchent fébrilement, sous lil impassible de Marjorie, leur fille cadette. La petite est indifférente au sort de sa grande sur. Jamais elle ne s'interroge réellement sur ce qui a pu se passer, ou sur ce qui se passera si Miriam revient ou n'est jamais retrouvée. Elle a disparu, un point c'est tout.
Les parents des deux fillettes décident de confier Marjorie à sa tante Ilse pour quelques semaines. Marjorie se plait dans cette grande maison située en bord de mer, en compagnie de cette femme solitaire mais attentive et chaleureuse. Une routine s'installe bien vite entre Ilse et Marjorie : confection de gâteaux, goûters, promenades en bord de mer... et bavardages. Marjorie réfléchit beaucoup mais parle peu, alors Ilse comble les blancs en racontant son enfance et l'histoire d'une reine qui un beau jour, a décidé de se taire, à tout jamais... En écoutant sa tante, Marjorie va apprendre à se confier, à écouter ses sentiments et à s'ouvrir au monde extérieur.
Ce roman doublement mystérieux, sur lequel plane l'ombre de la disparition d'une fillette et le silence tourmenté d'une autre, nous fait entrer au cur d'une famille comme bien d'autres, assez commune au premier abord et plutôt dysfonctionnelle dès que l'on creuse un peu. Néanmoins, on reste dans le "normal", si tant est qu'une famille, n'importe laquelle, puisse recevoir ce qualificatif. Cette famille, on la reconnait aisément, parce qu'elle est comme la nôtre : pleine de secrets et dotée d'un fonctionnement interne indécodable pour le monde extérieur. C'est sans doute pour ça que ce roman se lit si bien : l'identification est aisée et complète.
Syster constitue une lecture agréable, malgré le fil ténu de l'intrigue, la lenteur du rythme et la pudeur - confinant parfois à la froideur - dans l'expression des émotions. Les sentiments larvés de la fillette y sont bien retranscrits, l'ambiance est soigneusement campée. Un seul regret pour ma part : l'absence d'explications claires quant à la disparition de Miriam. Mais ce mystère, qui plane jusqu'au bout du roman, fait aussi partie de son indéniable charme.