Les Chroniques de l'Imaginaire

L'école de la nuit (Le livre perdu des sortilèges - 2) - Harkness, Deborah

Diana a réussi. Elle et Matthew ont remonté le temps jusqu'à l’année 1590. Certes leur "atterrissage" aurait mérité un peu plus de classe et de retenue mais même l'un sur l'autre, ils sont arrivés à bon port sains et saufs.

A présent, les choses sérieuses commencent. Il faut à tout prix trouver un professeur pour Diana qui ne contrôle pas ses pouvoirs grandissants, ce qui peut la mettre elle et les autres en danger à tout moment, principalement si on découvre qu'elle est une sorcière à une époque où celles-ci sont brûlées en place publique. Il faut également mettre la main sur le livre des secrets l'Ashmole 782. Et surtout, il est indispensable de se fondre avec discrétion dans l'époque élisabéthaine et éviter de faire des vagues afin de ne pas modifier le futur. La tâche s’annonce ardue. D'autant qu'à peine arrivée, la jeune femme est très vite confrontée à l’animosité des amis de Matthew qui n'approuvent pas vraiment sa présence.

Deborah Harkness maîtrise son sujet. Cette historienne de formation nous plonge intégralement à l'époque de la reine Elisabeth Ière, au point qu'on pourrait presque en sentir les parfums. Tout est extrêmement détaillé, étudié, maîtrisé : description des lieux, des ambiances, des mœurs. Elle s'appuie sur une base réelle bien solide pour y développer son univers fantastique et elle n'hésite pas à transformer des personnages célèbres existants en créatures mais de manière tellement pointue qu'on a envie d'y croire. L'historienne s'est fait plaisir et on ne peut lui nier son érudition en la matière. Coté plume, la maîtrise est là aussi, avec un style dense et un vocabulaire pointu, même si je n'ai pu m'empêcher de relever quelques coquilles et approximations lors de la traduction. Notons néanmoins l'effort au niveau du tutoiement entre Diana et Matthew, dont le vouvoiement tout au long du tome un avait été très désagréable pour ne pas dire incongru.

L'auteur se concentre surtout sur ses personnages, leurs sentiments et leurs ressentis. Diana s’apercevra vite qu'entre connaitre une époque et y vivre, la différence est grande et elle devra faire de nombreux efforts et concessions pour s'intégrer, sans pour autant renier ce qu'elle est, à savoir une femme libre et indépendante. Matthew lui va révéler son côté possessif et jaloux ainsi que de nombreux secrets sur son passé.

Après, il faut aimer les romans où il ne se passe rien de très important. J'avais refermé le premier tome avec un sentiment très mitigé mais en attendant qu'enfin l'action s’accélère dans le tome deux. Que nenni, le rythme est aussi lent et encore une fois, l'action se concentre sur quelques pages. Je me suis donc encore ennuyée, parcourant les (trop ?) nombreuses pages avec labeur. La multiplication des personnages, le soin mis à décrire des scènes anodines, l'accent porté à une multitude de détails dont on peine à trouver un rapport avec la situation, tout est réuni pour me donner envie de refermer le livre tant je me demandais au fil des pages à quel moment l’action allait enfin commencer.

Mais ce genre doit avoir son lectorat si j'en juge par les critiques élogieuses qu'on peut lire concernant cette oeuvre. A réserver donc aux amoureux de l'histoire, aux passionnés des ambiances, à ceux qu'un rythme lent n'effraye pas. Quant à moi, j'attends le tome trois en espérant qu'enfin le récit s'accélère.