Voici un livre dont il faudrait lire la post face avant le texte. En effet, elle nous donne des clés de compréhension qui ouvre une perspective différente. Malheureusement je ne me suis aperçue de cela qu'à la fin du livre.
Fabien Clavel nous entraîne dans la Germanie que larmée romaine tente de conquérir au début de notre ère. César a commencé la conquête mais na jamais pu dépasser la vallée du Rhin. Auguste décide de continuer son oeuvre et envoie le général Varus avec trois légions pour créer une grande province germaine. Rome craint beaucoup les Germains et espère les "romaniser" pour mieux neutraliser cet ennemi imprévisible.
Le roman se passe en l'an 9 de notre ère et est divisé en deux parties. Longinus, un soldat préposé à la chasse poursuit un lièvre dans une forêt épaisse. Cest lautomne, il pleut, il fait froid et lambiance est franchement à la déprime. Le lièvre est aveugle et le soldat finit par lattraper. En le poursuivant, il découvre un village qui abrite des personnes à laspect hideux et monstrueux mais totalement désarmées et pacifiques. Longinus croit avoir découvert un peuple qui vit encore à lAge dor et qui aurait trouvé refuge dans cette forêt. Il hésite à faire part de sa découverte à Fabricius son chef, sachant que ce dernier massacrera sans pitié les habitants du village. Mais lofficier est un homme violent qui malmène ses soldats et Longinus nose pas lui mentir.
Comme il sy attendait, la troupe de Fabricius massacre les villageois et trouve une pyramide noire à côté du village. Les officiers ne comprennent pas ce qu'une pyramide peut bien faire au fond dune forêt de Germanie, mais ne cherchent pas à savoir de quoi il retourne.
Nous faisons aussi connaissance de Flavia, une jeune Germaine enlevée alors qu'elle était enfant et réduite en esclavage sexuel pour les soldats. Elle essaie de se souvenir de son enfance et de son pays qu'elle traverse sans lavoir choisi.
Arminius, un Germain chef des troupes auxiliaires que Varus croit avoir soumis se retourne contre les Romains et leur tend une embuscade. Il massacre les civils et les soldats sans pitié. Nous assistons à la terrible bataille de Teutobourg où les Romains sont anéantis.
La première partie nous permet de connaître les principaux personnages du roman. Elle est surtout consacrée aux récits de batailles et de massacres. Les personnages sont historiques pour la plupart et lhistoire sans doute assez proche de ce qu'a dû être la réalité de cette bataille. Clavel enseigne le latin et connaît son sujet.
La deuxième partie devient plus fantastique, Longinus, Flavia, le centurion Marcus et Caius Pontius, un officier supérieur ont réussi à échapper aux massacres. Mais la route dAliso est coupée et ils décident donc daller se réfugier dans la fameuse pyramide noire.
Jattendais beaucoup de ce roman et jai été un peu déçue. La quatrième de couverture, ainsi que la présentation de léditeur, laissait espérer un roman fantasy mais ce nest pas le cas. Il y a très peu de fantastique, aucune magie et tous les monstres sont des humains. Il sagit plutôt dun roman historique, même sil y a une uchronie dans lexploration de la pyramide. Les éléments réalistes sont très convaincants, on sent qu'on a affaire à un auteur qui connaît son sujet, mais les quelques éléments fantastiques et uchroniques ne sont pas convaincants du tout.
Mais ce qui ma le plus dérangée, cest le choix de langage fait par lauteur. Il emploie un mélange de français, de latin et surtout de latin francisé qui ma franchement déplu. Par exemple Varus est qualifié dimpérateur pour Imperator. Jaurais préféré qu'il utilise la traduction de ce terme, qui est général en chef alors qu'Imperator est devenu empereur dans notre langue. Les mécanismes dévolution du bas latin dans les différentes langues romanes sont bien connus et ce latin francisé ma beaucoup déplu. Tout comme le fait demployer la forme latine des noms de lieu, on nous parle de Roma, des forêts de Germania ou de larmée du Rhénus. Clavel a aussi écrit quelques phrases qui ne veulent absolument rien dire pour inventer un argot militaire romain (et semi-francisé) ce qui donne un dialogue totalement incompréhensible entre deux soldats. Son roman aurait gagné en puissance dêtre écrit complètement en français et de préférence en bon français.
La moitié du livre est consacrée aux faits et gestes des personnages et lautre moitié à leurs pensées. Comme les humains dans la réalité, les personnages de Clavel ne cessent de penser. Ce qui est gênant et même très gênant, cest que lauteur écrit leurs pensées en italique sans aucune ponctuation. Il peut y avoir des paragraphes entiers en italique et sans ponctuation, ce qui ralentit la lecture. Parfois on ne sait comment séparer deux phrases, ce qui fait varier le sens des pensées en question. Sans compter que cest lassant davoir des paragraphes entiers de ce style.
La deuxième partie du livre qui tourne autour de la pyramide nest pas convaincante du tout. On ne sait pas si on a franchi une sorte de porte temporelle qui débouche sur notre époque ou si les anciens Germains connaissaient déjà la physique nucléaire, ce qui est quand même assez peu probable. Durant cette exploration, Caius Pontius pense beaucoup et cite de nombreux poèmes, mais comme cest seulement à la dernière page que jai compris qui il est en réalité, je regrette de ne pas avoir été plus attentive à ses pensées. Lidéal serait de relire le récit de la pyramide à la lumière de cette connaissance. Mais le roman ne ma pas assez passionnée pour que je le fasse.
Dans lensemble cest un roman plutôt décevant, car présenté comme de la fantasy. Il y a aussi trop de scènes de batailles sanglantes et jusqu'au bout jai espéré en vain y trouver une dimension moins terre à terre. Toutefois la chute est inattendue et vraiment excellente.Ce qui est intéressant, c'est le rapport obsessionnel des héros avec la religion romaine, qui est leur clé d'explication du monde.