Les Chroniques de l'Imaginaire

Sur l'oisiveté - Montaigne, Michel (de)

Sont réunis ici des extraits, "transcrits" en français moderne par André Lanly, des livres un et deux des Essais. Pour n'être pas forcément les plus connus ni les plus fréquemment cités, ils n'en donnent pas moins une assez bonne idée de l'oeuvre de Montaigne, ou pour le moins de son style.

On y voit notamment combien il est nourri de la langue latine et de l'histoire gréco-romaine, comme de ses philosophes. Cela ne l'empêche pas de s'en méfier, et de ne pas confondre connaissance et sagesse. Qu'on se souvienne de la fameuse différence qu'il établit entre la tête "bien faite" et la tête "bien pleine" : Quand bien même nous pourrions être savants avec le savoir d'autrui, nous ne pouvons du moins être sages que par notre propre sagesse.

Certes, cette familiarité est aujourd'hui très étrangère à la plupart des lecteurs, mais la profonde humanité de cet homme sage du XVIe siècle nous le rend proche néanmoins. Il n'est que de lire ce passage : Je lui disais que c'était bien [...] de se montrer aux gens toujours bien calme, mais que le principal était de pourvoir à soi-même, au-dedans, et que ce n'était pas bien administrer ses affaires, à mon gré, que de se ronger intérieurement, ce que je craignais qu'il ne fît pour garder ce masque et cette apparence extérieurement modérée. On incorpore la colère en la cachant...