Les Chroniques de l'Imaginaire

Trois histoires fantastiques du XIXème siècle - Maupassant, Guy (de) & Mérimée, Prosper & Gautier, Théophile

Le Horla de Guy de Maupassant raconte sous forme de journal intime le malaise grandissant du narrateur qui sent autour de lui la présence d'un être invisible qu'il nomme le Horla. Il sombre peu à peu dans la folie en cherchant à se délivrer de cette emprise et, bientôt, il entrevoit la mort comme l'ultime délivrance à son calvaire.

Le Horla est la première nouvelle fantastique écrite par Guy de Maupassant, publié en 1887. La forme d'un journal inachevé laisse craindre que son propriétaire n'ait sombré dans la folie. En intégrant les dernières découvertes médicales, ses angoisses et ses hallucinations, Maupassant dépeint dans Le Horla les prémices de sa propre folie. Après sa tentative de suicide, il mourra le 6 juillet 1893 de la syphilis.

La seconde nouvelle présentée dans cet ouvrage s'intitule La Venus d'Ille de Prosper Mérimée. Elle se déroule dans une petite ville des Pyrénées-Orientales, Ille-Sur-Têt. Un archéologue s'y rend pour rencontrer un antiquaire qui doit lui montrer des ruines, antiquaire qui a récemment découvert la statue romaine en bronze d'une Vénus au regard inquiétant.

Arrivé chez son hôte, l'archéologue découvre la statue. La visite des sites antiques est retardée par l'antiquaire car son fils, Alphonse, doit se marier le lendemain et l'archéologue est convié à la noce. Le matin de la cérémonie, Alphonse engage une partie de paume et, pour ne pas être gêné en jouant, passe au doigt de la statue la bague qu'il destine à sa future femme. Le soir, bouleversé, il révèle à l'archéologue qu'il n'a pas pu reprendre l'anneau, car la Vénus a serré le doigt pour le garder comme un gage de fiançailles. On retrouve le lendemain le jeune marié mort dans son lit.

La Vénus d'Ille de Prosper Mérimée est publiée en 1837. En 1834, alors inspecteur des Monuments Historiques, l'auteur visite un site où des fouilles archéologiques ont révélé un temple antique dédié à Vénus. Mêlant imagination et érudition, Mérimée nous offre, avec cette nouvelle, l'une des plus célèbres de ses histoires fantastiques qui au-delà du thème principal nous délivre un message, celui du respect de l'amour.

Dans la dernière nouvelle présentée, La cafetière, Théophile Gautier nous conte l'histoire de Théodore, invité par deux amis à passer quelques jours en Normandie. Leur hôte les conduit chacun dans leur chambre, car ils sont harassés par le voyage. Durant la nuit, Théodore est éveillé par le lit qui s'agite, ses paupières sont retirées violemment en arrière. Il se retourne et aperçoit un ballet étrange qui lui procure une terreur insurmontable. Les personnages des tapisseries et des tableaux sortent de ceux-ci pour se mettre à danser dans sa chambre.

La cafetière est le premier texte écrit par Théophile Gautier, alors âgé de 20 ans. Inspiré par les contes d'Hoffmann, il développe un goût pour le fantastique alors en pleine résurgence en France.

À la fin du XIXe siècle, le surnaturel est à la mode : on explore les maladies mentales, on se pique de pratiquer l'hypnose ou de s'entretenir avec les morts. Et le public se passionne pour les nouvelles et les contes fantastiques. Ces trois textes illustrent bien les thèmes de la littérature de l'époque. Même si ils peuvent faire sourire aujourd'hui, ils n'en demeurent pas moins de grands classiques en avance sur leur temps.