Lao He est jardinier pour un parc municipal de Pékin. Il travaille avec ses collègues, et vit aussi avec eux dans un foyer mis à disposition par la ville. Poussière et sueur est le récit d'une de ses journées, depuis le lever du jour jusqu'au crépuscule. Mais il s'agit d'un dimanche, journée de repos, et dans la journée vont se succéder divers épisodes venant égayer ou au contraire inquiéter l'âme de Lao He.
La journée va commencer avec une visite du gendre, pour de mauvaises nouvelles, puis suivra celle de sa fille et de son mari, qui vont lui changer les idées. Mais cela n'empêchera pas Lao He de partir dans ses pensées et de nous raconter son histoire par bribes. Nous apprendrons ainsi à le connaître à travers l'histoire de sa famille, et aussi à travers l'histoire du pays. Seront évoqués les famines de la fin des années 1960, lorsque le peuple mourrait tellement de faim dans certaines régions qu'il en venait à manger ses morts, les paysans qui doivent venir à la ville pour pouvoir travailler et envoyer de l'argent à leur famille. Ce récit d'une journée se passe donc en deux temps : le présent est interrompu par les souvenirs du passé.
A côté de Lao He nous suivons aussi ses collègues, aux caractères et aux histoires très différents. Cette petite communauté forme un ensemble hétérogène, qui a toutefois en commun d'être d'une moyenne d'âge de quinquagénaire et de venir de la campagne. Ils incarnent l'entre-deux : la campagne, la tradition, la nature de par leur métier, face à la ville, la modernité, la consommation... Ce court roman est une peinture touchante de la société chinoise en mutation, dont l'écriture imagée, au rythme lent et posé, rend la lecture d'autant plus agréable.