Les Chroniques de l'Imaginaire

Vertige - Thilliez, Franck

Jonathan se réveille dans le noir complet, frigorifié. Son dernier souvenir : s'être endormi bien au chaud dans son lit après avoir rendu visite à sa femme Françoise, en attente d'une greffe de moelle osseuse à l'hôpital. Quelqu'un lui a fait quitté son lit, c'est sûr. Le froid mordant, l'humidité et la chaîne à son poignet en témoignent. Il finit par se lever pour découvrir un vrai cauchemar. Il est prisonnier d'un gouffre glacial et a trois compagnons de cellule : Farid, entravé à la cheville ; Michel, libre de ses mouvements mais au visage emprisonné un masque de fer - masque qui explosera s'il s'éloigne de plus de cinquante mètres de ses compagnons d'infortune ; et enfin Pok, le chien de Jonathan.

Pour les trois hommes, l'incompréhension est totale : ils ne se connaissent pas, n'ont aucune idée de ce qu'ils font ici. Tous ont été vêtus pour la survie en haute montagne. Ils ont à leur disposition une tente, un réchaud, du gaz et deux duvets, deux paires de gants, deux bouteilles de vodka et deux oranges. Épinglés au blouson de chacun, ces trois messages : "qui sera le menteur ?", "qui sera le voleur ?", "qui sera le tueur ?"...

Le huis-clos, l'horreur de la situation, le masque intégral qui menace à tout moment d'exploser, la torture psychologique... Vertige m'a furieusement rappelé le premier épisode du film Saw. Très vite, on devine que le "cerveau" de l'opération estime que les marionnettes qu'il a placées dans ce gouffre ont des fautes à expier. Mais lesquelles ? Ce sera tout le sujet du roman, et Franck Thilliez excelle à multiplier indices et fausses pistes. J'ai deviné rapidement l'identité du coupable et deux ou trois mystères qui occupent les personnages au cours de leur chemin de croix. Toute fière de moi, je rédigeais d'avance en pensée une chronique expliquant que l'intrigue versait vraiment dans la facilité... et puis les derniers chapitres sont arrivés et la claque avec. Certes, j'avais vu juste concernant le coupable. Oui, mais c'était bien plus compliqué que ce que j'avais imaginé. Je vous laisse découvrir pourquoi en lisant Vertige.

Pas de doute, Franck Thilliez est le maître des intrigues diaboliques et des personnages torturés. Avec cet auteur, la plongée dans les méandres obscurs de l'âme humaine est garantie, et éprouvante. Effroi et frissons sont toujours au rendez-vous. Souvent, il me faut quelques jours pour que mon esprit sorte du piège de ses romans, une fois la lecture achevée. Une indéniable qualité pour un auteur de thriller. Néanmoins, je suis plus réservée quant à son style. Dans Vertige, l'emploi du présent de l'indicatif et de la première personne du singulier rendent la narration un peu lourde. Les dialogues manquent également de justesse. Mais il faut bien avouer que rien de tout ça n'a entamé mon plaisir de lecture. Vertige est vraiment un bon thriller, haletant et effroyable à souhait.