Lily Dahl vit dans une petite ville du Minnesota, qui se réduit à une route principale et quelques maisons perdues dans la campagne environnante. Elle habite juste au-dessus du café où elle travaille, servant des petits-déjeuners dès cinq heures du matin. Une de ses distractions consiste à regarder un voisin dans l'hôtel qui fait face, un peintre nommé Shapiro connu pour ses frasques avec les femmes. Mais chaque matin elle ne peut s'empêcher de l'espionner depuis sa fenêtre, le regardant donner de grands coups de pinceaux sur ses toiles. Et fatalement, ces deux être finiront par se rapprocher.
Ce début au rythme très lent, où l'on perçoit le temps passer en écoutant chaque goutte de pluie tomber, est très prometteur. Siri Hustvedt maîtrise à merveille l'art de placer le lecteur dans un décor, une atmosphère, et le lie très vite à ses personnages. Lily nous est familière dès les premières pages, on s'attache vite à ce petit bout de femme de même pas vingt ans qui mène sa vie comme elle vient sans se poser de questions, et vit sa passion du théâtre au sein de la troupe locale.
La quatrième de couverture annonce "une série de phénomènes étranges", qu'on attend donc avec impatience après que la situation de départ a été mise en place. Et c'est là que le bât blesse. Car ces phénomènes étranges mettent beaucoup de temps à arriver. Passée la partie où on entre dans le roman, il ne se passe pas grand chose. L'intrigue prend une tournure allant vers un mystère presque surnaturel, mais les éléments sont peu exploités, si bien qu'on se demande où l'auteure veut en venir. Et quand enfin les choses commencent à prendre forme, lorsqu'on comprend quelle est la nature de ce mystère, cela se révèle sans aucun intérêt. Une solution ni facile, ni attendue, plutôt ridicule en réalité. Je me demande comment en ayant à ce point travaillé les personnages et le contexte, on peut en arriver à une conclusion pareille.
C'est donc une déception pour moi, d'autant plus grande que le début m'a énormément plu.