Elle, c'est Nathalie Stack. Elle est surnommée la Chat-Pardeuse. Ce soir, après son larcin, elle est poursuivie par l'Arrangeur. Lui c'est plutôt le genre bourrin pas fin qui fait régner la justice à Empire City. Du coup, les deux se fritent. Puis, à force de proximité, leurs lèvres vont se rencontrer. C'était pas vraiment prévu et ce n'est pas ça qui va les empêcher de continuer à se taper dessus. Et puis, la suite, les choses qui ne contrôlent pas...
Empire City, et les deux costumés, va ensuite subir une attaque. Ce sont d'abord des clous qui volent dans les airs et qui atteignent la Chat-Pardeuse à la jambe. Puis des lames de rasoir qui seront propulsées dans l'air. Puis une violence à plus grande échelle qui va devoir faire réagir l'Arrangeur et sa nouvelle petite amie.
Frank Miller est une légende vivante dans le milieu du comics. Pour ma part, même si j'ai vu quelques adaptations cinématographiques de certaines de ses uvres (Sin City, 300) je ne connaissais que très peu son oeuvre. Je voulais donc rattraper cette lacune avec Terreur Sainte. Et je dois dire que j'ai été profondément déçu.
Graphiquement, déjà. J'aime beaucoup le principe du noir et blanc dans lequel on ne fait parfois ressortir que quelques détails en couleurs. C'est puissant et ça fonctionne bien. Par contre, j'aime bien aussi savoir ce que je regarde quand je me penche sur une case. Or là, ça a été parfois très compliqué de savoir ce que je lisais. Pourtant le format à l'italienne aidait et aucun détail n'était caché. Mais à trop vouloir faire des effets de style, à donner des positions improbables à ses personnages, on se retrouve avec des cases surchargées ou pas assez détaillées, mais en tout cas qui ne sont pas lisibles simplement. On arrive finalement à deviner ce qu'on regarde, mais cela donne une lecture qui ne coule pas de source. Et puis, on sent un travail à double soin ; parfois, le dessin frôle quand même l'amateurisme.
Scénaristiquement, surtout. On passe quand même je ne sais pas combien de pages dans la course-poursuite entre l'Arrangeur et la Chat-Pardeuse, tout ça pour qu'ils se roulent des galoches. C'est assez pauvre et n'introduit même pas correctement la suite. Sur la quatrième de couverture on peut lire qu'Empire City est en danger et qu'il cherche des indices pour la sauver. Le danger arrive beaucoup trop tard selon moi et la recherche d'indices
j'ai dû sauter les pages parce que je ne l'ai pas vue.
Mais ce qui m'a le plus déranger, c'est le côté américaniste de base à tendance raciste haineuse. Oui, l'ennemi est le méchant Al-Qaïda. Seulement, le propos de Miller a tendance à aller facilement dans l'amalgame. Qu'on utilise la bande dessinée pour dénoncer le terrorisme, le fanatisme et les mouvances intégristes, de quelque religion que ce soir, c'est une bonne chose. Profiter de son nom et de sa notoriété pour nourrir sa peur de l'autre, ça me choque plus. Durant la lecture, l'équation Al-Qaïda = islam s'affiche presque naturellement en arrière-plan, et ça me choque. Il ne faut pas oublier que les intégristes sont une petite minorité des musulmans. Comme il y a des intégristes chez les catholiques et les juifs, il y en a aussi chez les musulmans. Si on arrêtait un peu de parler d'eux, ils auraient tout de suite beaucoup moins d'importance et chacun pourrait vivre sa religion tranquillement. Parce que les musulmans, les vrais musulmans, c'est tout ce qu'ils demandent finalement, vivre en paix et dans les convictions qui sont les leurs, sans déranger personne. Arrêtons les amalgames faciles et essayons plutôt de connaitre un peu les autres qui vivent avec nous et qui ont une culture différente.
Donc, non, je n'ai pas été satisfait de cette première incursion dans le travail de Frank Miller et j'avoue que je suis pas mal refroidit du coup. Mais je ne peux cautionner cette uvre qui, pour moi, est clairement à tendance xénophobe. Je ne comprends pas que Delcourt ait pu la publier, d'ailleurs. Le nom de Miller ne suffit pas à le justifier.