Qui peut dire réellement ce qu'il se passe derrière les murs d'une prison ? Qui peut juger au fond des conditions de travail des surveillants, ou de détention des condamnés ? Qui mieux que les surveillants ou les détenus eux même ? Ce monde clos, jugé et condamné par les deux faces de la médaille, peu peuvent en parler. C'est pour connaitre réellement ce monde qu'Arthur Frayer passe et réussit le concours de gardien de prison. C'est pour pouvoir en parler qu'il va s'infiltrer pendant de longs mois dans cet univers hors du monde.
On pourrait commencer ce livre en s'attendant à un énième jugement de valeur, à une nouvelle condamnation. Les détenus sont tous des animaux analphabètes, c'est bien connu. Tous les matons sont des brutes cyniques et sadiques. Ça aussi tout le monde le sait. On pourrait aussi parfaitement se tromper.
Force est de constater (et de saluer) l'impartialité d'Arthur Frayer. Son regard se pose sur tout ce qui accroche, que cela provienne des détenus ou des gardiens. Le constat est parfois un peu effrayant. Personne ne sait vraiment ce qu'il se passe entre les murs ? Un peu comme un tabou que personne au fond ne veut voir s'étaler sur toutes les places. C'est une vraie société parallèle qui nous est décrite, avec ses lois, ceux qui les suivent et les autres. Avec aussi, et je cite "une prison dans la prison".
L'écriture est simple, réaliste. Comme une histoire que l'on raconte plus qu'on ne l'écrit. Les quelques rares excès de poésie ne gâchent pas la lecture et n'enlèvent en rien l'ambiance bien souvent pesante. De sa vie extérieure, on ne sait que le strict nécessaire. Il est journaliste, a une petite amie, des parents et un frère. Cela nous permet de rester en prison avec lui, avec les détenus.
Avec son oeil de journaliste, il constate les dysfonctionnements, mais pour autant ne semble pas condamner grand monde. Chacun est libre de s'approprier son récit et d'en retenir ce qu'il souhaite.
Un document propre, impartial et humainement enrichissant.