Les Chroniques de l'Imaginaire

Pour un carré de chocolat - Fontenaille, Elise & Buono, Clarisse & Coat, Janik

Jean Reno habite en Côte d'Ivoire, à Boignykro. La richesse de son village, c'est le cacao qu'ils récoltent tous. Jean Reno est inséparable de Mandela, son ami, son frère. Sa grand-mère pense même qu'ils ont été cousus à la naissance. Et puis Jean Reno est enjaillé d'Innocente, la jolie nièce de l'institutrice. Les trois amis ont le même objectif : bien travailler à l'école pour avoir une situation et choisir leur vie. En attendant, ils ont une imagination débordante et commencent même à monter leur petite "enterprise". Ils iront loin ces enfants ! Mais Innocente a un rêve bien à elle. Elle voudrait goûter un carré du chocolat qu'ils contribuent tous à fabriquer, mais qu'ils n'ont jamais vu. Elle voudrait goûter le paradis.

Quel joli récit, tout en simplicité et en évidence. A la lecture des première pages, je me suis demandée si je confierais ce livre à ma fille. Et puis j'ai continué, et une évidence m'a frappé : pourquoi lui cacher ce qui est ?

Cette histoire résonne comme une histoire vécue, comme le récit d'une vie. Oui, il y a parfois des points, comme la douceur des filles à l’intérieur, que notre société n'a pas l'habitude de prêter à une bouche d'enfant, mais en Côte d'Ivoire, sont-ils aussi à cheval sur ces considérations là ? Ces mots ne sont-ils pas parfaitement à leur place dans la bouche de Jean Reno ? Ce qui finalement les choque le plus, c'est que la "dame blanche" cherche à s'isoler pour aller faire pipi. Un choc des cultures oui, et certainement tout à fait adapté à la compréhension de nos enfants.

La griffe de l’anthropologue est palpable, mais parfaitement compensée par la douceur et la finesse de l'écriture. Le style littéraire justement renforce la sensation de vécu. Le parlé de Jean Reno, narrateur de l'histoire, n'est jamais abandonné et donne corps et épaisseur à toute cette histoire.

Les illustrations enfin, ou plutôt les superbes aquarelles qui animent cet ouvrage renforcent encore ce coté carnet de voyage. Un peu comme un roman photo, avec infiniment plus de poésie.

En somme le trio formé par Elise Fontanaille, Clarisse Buono et Janik Coat fonctionne à merveille. A recommander, à accompagner... A lire quoi !