Les Chroniques de l'Imaginaire

Marius 1954 (La lignée - 2) - Félix, Jérôme & Berlion, Olivier & Marie, Damien & Galandon, Laurent & Delaporte, Xavier

Marius s'est longtemps cherché, avant d'embrasser la carrière de prêtre. Il avait bien une petite amie, Sidonie, et il a longuement hésité entre elle et Dieu, mais il faut croire que sa mère a été très persuasive. Notamment, avec l'argument que tous les hommes de la famille, et ce depuis trois générations maintenant, sont morts à l'âge de trente trois ans. L'âge du Christ. Cela ne peut donc pas être un hasard pour l'épouse d'Antonin, qui est mort à cet âge là justement.

Alors, Marius est maintenant bel et bien un jeune prêtre, et c'est vers la Bretagne, et plus exactement à Brest même, qu'il est envoyé. Nous sommes en 1954, et la ville, totalement rasée pendant la seconde guerre mondiale, est maintenant en pleine reconstruction. Les ouvriers du bâtiment sont ici très nombreux, et la colère monte devant leur salaire de misère et les conditions de vies abominables.

Il y a déjà eu un homme mort, d'ailleurs, lors des conflits qui ont précédé, et cette fois, le préfet du Finistère ne peut pas empêcher les ouvriers de passer pour se rendre à la table de négociation avec les patrons. Ces derniers doivent se réunir pour convenir de la meilleure stratégie, qui consiste à donner aux ouvriers l'impression qu'ils ne sont pas en position de force, avec un chômage qui doit à tout prix s'enflammer, devant l'arrivée d'une main d'oeuvre espagnole moins chère.

Alors, les vols se multiplient pour survivre. Notamment, une vierge toute en or est volée peu après l'arrivée de Marius, par un groupe d'hommes accompagnés d'un ancien curé, justement. Tel un Robin des bois, l'homme s'est mis en tête de voler pour redistribuer le fruit des larcins aux plus pauvres. Marius a assisté à cela, et décide de fermer les yeux...

Nous en sommes là au second tome de La lignée, une série qui paraît chez Drugstore avec des noms connus comme Berlion, Marie ou encore Galandon. Kris vient prêter main forte avec ce tome, puisque ce dernier se déroule dans une ville de Brest en pleine reconstruction. Le scénariste avait déjà travaillé l'ambiance de cette ville à cette époque, en 2006, en scénarisant le très beau Un homme est mort, chez Futuropolis, dessiné à l'époque par un certain Etienne Davodeau.

Nous sommes donc là en plein rapport de force entre des patrons qui ne reculent devant rien, et qui ne veulent rien lâcher, et une classe ouvrière qui s'organise pour survivre. Les dessins de Xavier Delaporte, mis en couleurs par Scarlett Smulkowski, permettent de découvrir une ville en ruines, et l'ambiance qui y règne. L'accent est mis sur les expressions des personnages, avec des angles de vue souvent adaptés et réussis.

Le tome est très bon, et se lit très facilement, même s'il n'atteint pas le niveau de Un homme est mort, cité plus haut. De bonne augure tout de même pour la suite de la série !