Les Chroniques de l'Imaginaire

La mort aux trousses (Fatale - 1) - Brubaker, Ed & Phillips, Sean

Dominic Raines était romancier. Et aujourd'hui, c'est lui qu'on enterre. Il était le parrain de Nicolas Lash. Enfin, parrain est un bien grand mot puisque dans les faits, ils étaient tous les deux des étrangers. Mais, du coup, Lash s'est retrouvé l'exécuteur testamentaire de Raines. Et donc, s'est retrouvé au cimetière. Raines n'avait pas beaucoup d'amis. Son seul véritable ami était le père de Nicolas, interné depuis maintenant plus de dix ans. Alors qu'il ne l'avait pas aperçue dans le petit groupe présent, Nicolas voit une femme venue rendre un dernier hommage à Raines. Elle répond tout de suite à Lash sur la nature des symboles qui se trouvent sur la tombe de son parrain : ils sont inventés. La grand-mère de Jo, c'est son prénom, possède les mêmes sur sa propre tombe.

Dans la soirée, Nicolas se rend dans la demeure de son parrain. Il fouille, sans trop savoir ce qu'il fait là. Raines était un auteur à succès, dans le genre à pondre des best-sellers presque à chaque fois. Ce n'étaient pas forcément des chefs d'œuvre, mais ils se vendaient bien. Et voilà que Nicolas met la main sur un manuscrit datant d'avant les débuts officiels de Dominic. Son premier roman ? Il n'a pas trop le temps de se plonger dans la lecture puisqu'une voiture arrive et vomit des hommes en noir armés. Nicolas descend l'escalier mais Jo apparait et s'interpose, tirant sur un des hommes. Le couple prend la fuite dans la voiture puissante de Jo. Mais un avion les rejoint et provoque un accident. Quand Nicolas se réveille à l'hôpital, il est seul, amputé d'une jambe.

Que s'est-il passé ? Qui était ses hommes ? Qui est Jo ?

Après Criminal et Incognito, Ed Brubaker et Sean Phillips reprennent leur collaboration pour nous proposer un polar qui plongent à pleines mains dans le fantastique. Le premier élément en est Jo. Il semble qu'elle soit toujours présente, quelle que soit l'époque que l'on visite. Pourquoi ? Pour l'instant, je serai bien en peine de répondre à cette question. La narration de Brubaker, qui alterne le présent et le passé, l'histoire de Lash et celles de ce flic pourri et de ce journaliste en quête de vérité, est vraiment puissante. C'est fait de manière très cinématographique et on entend presque la voix off nous parler pendant la lecture. Une voix off très présente dans ce tome. Au début, on est plus dans une sorte de polar pour lequel on met les différentes pièces en place. Puis, petit à petit, les détails fantastiques s'agrègent. Légèrement au début, plus de manière beaucoup plus prononcée, pour arriver à la fin par être clairement dans quelque chose de très lovecraftien dans les formes.

Sean Phillips, associé cette fois à Dave Stewart pour les couleurs, officie toujours dans son style réaliste précis. Le trait légèrement vintage par moment colle à la perfection à cette histoire qui, pour une bonne part, se passe dans les années 50. Il y a bien quelques imperfections par moment, notamment visibles sur le visage de Jo qui n'est pas toujours aussi parfait. Mais, dans l'ensemble, c'est du beau travail. On est plongé totalement dans cette ambiance qui frôle le Mike Hammer par endroit.

J'ai été bien emballé par ce premier tome de Fatale, même si pour l'instant je n'ai pas l'ombre d'une réponse sur les questions que je me pose. Les nombreux personnages ne sont pas vraiment un frein à la lecture, même s'ils peuvent déstabiliser de prime abord. J'attends la suite avec envie, en espérant que j'aurais cette fois des éléments de réponse pour me contenter.