Nous sommes en 1949, bien après la guerre et ses millions de morts. La France continue à chercher et à condamner ses collabos. En ce moment, c'est Joseph Joanovici qui est à la barre. Le bougre s'en tire bien : il parvient à donner les bonnes réponses au juge, et son humour subtil lui permet même de se mettre la majorité du jury dans la poche. Tout semble ainsi vouloir tirer Joseph d'affaire, mais lui-même n'en est pas encore persuadé.
Et pour cause... Le juge de Melun, qui n'est pourtant pas du tout en charge de cette affaire, parvient à remettre sur le devant de la scène le meurtre du jeune résistant Scaffa. Joseph se retrouve en taule, et ses vrais amis sont de plus en plus rares. D'un côté, il a perdu sa femme et ses deux filles le détestent. De l'autre, il n'a pas pu rester en Israël, où il a pourtant pu se rendre quelques temps.
Seule Lucie lui reste fidèle, même lorsqu'il sort de prison (où il aura au moins appris à lire et à écrire ! ), et qu'il doit rester sous surveillance dans la ville de Mende, chef lieu de la Lozère. Joanovici n'a pas le droit de sortir de la ville, et il doit plusieurs milliards de francs à l'Etat. Alors, Joseph va reprendre des forces, et va se relancer dans la revente de métaux, faisant la véritable fortune du ferrailleur local, et se faisant de plus en plus d'amis dans les notables de la région.
Ce sixième tome sonne le glas de cette fabuleuse série, et de quelle manière une nouvelle fois ! Les dessins sont équivalents à ce qu'on a pu voir dans les cinq premiers tomes : les plans sont admirablement trouvés, et suffisent souvent à faire passer des messages, avec l'expression des personnages, en se passant de dialogues inutiles. Joseph et Lucie ont pris un sérieux coup de vieux, ce qui renforce encore leur charisme et leur crédibilité.
Fabien Nury et Sylvain Vallée n'auront décidément rien laissé au hasard dans cette série, qui aura su marquer durablement les esprits, depuis sa sortie en 2007. Le récit y est une nouvelle fois profondément humain, et met l'accent à fond sur des personnages extraordinaires et complexes, et sur leurs relations. Tout est dit dans les plans, les regards, les silences, et c'est là une force indéniable de la série.
Ce sixième tome clôt de très belle manière cette série : une fin complètement digne et à la hauteur, qui ne décevra pas les fans. Vivement une autre série historique de cet acabit.