New York City, au Plato's Retreat, deux hommes endimanchés et escortés par des gardes du corps passent la porte après avoir utilisé la poignée en forme de verge. Ils viennent voir Butcher Baker, actuellement à la limite de l'orgie. C'est un ancien super héros qui a raccroché mais ils ont besoin de lui une dernière fois. Butcher n'en a plus rien à foutre des problèmes de la nation et il ne compte pas rempiler. Mais quand trois silhouettes ôtent leur imperméable et découvrent les corps sublimes d'une brune, d'une blonde et d'une rousse, l'obsédé qu'est Baker ne peut pas résister. Tout en prenant une des filles alors que les deux autres s'amusent entre elles, il discute de ce que veulent les bureaucrates. La cage aux dingues, établissement où se sont retrouvés enfermés bon nombre de méchants arrêtés par Butcher, coûte trop d'argent au contribuable. Du coup, l'Etat veut s'en priver. Seulement, on ne peut pas relâcher les criminels dans la nature. Il est donc demandé à Baker de les faire disparaitre. Lui seul semble en être capable.
Armé de sa moustache et au volant de son truck aux couleurs de l'Amérique, Baker s'en va sur les routes. Mais il roule trop vite et se fait prendre en chasse par un shérif zélé. Butcher ne compte pas mettre en péril sa mission pour un cul-terreux qui a trop vu de films dans sa jeunesse. Du coup, il ne lui fait pas de cadeau et l'envoi dans le décor. Il arrive plus tard à la cage aux dingues et décide de se la jouer en toute finesse : il fait donc exploser la bâtiment. Puis, il se taille, sans vérifier si tout le monde avait passé l'arme à gauche. Ce qui, bien entendu, n'est pas le cas.
Voilà donc des méchants en liberté qui ont bien l'intention d'en profiter et de se venger de celui qui les a mis derrière les barreaux.
Marre des super-héros ultra formaté ? Ne cherchez plus, vous avez trouvé Butcher Baker, une armoire à glace moustachue et fort bien membrée. Amateur de sexe, patriote quand ça l'arrange, il veut se voir offrir une retraite dorée sans trop se mouiller. Ce qui fait que ça ne va pas se passe comme prévu. Le scénario est mené tambour battant par Joe Casey. Il y a des passages complètement barrés, comme cette histoire avec le shérif tenace. C'est marrant. Et le personnage de Butcher est vraiment l'archétype du héros qu'on ne veut pas apprécier. Après, les passages avec les discours brumeux d'Absolutely trainent un peu en longueur, surtout sur la fin, et c'est un peu lourd. Un récit quelque peu raccourci aurait donc été préférable. Surtout que c'est quand même assez verbeux. Ça se lit bien, je dis pas, mais ce n'est pas limpide.
Côté dessin, par contre, c'est une bombe. Mike Huddleston alterne les styles graphiques et les explosions de couleurs (ou leur absence) pour nous faire vivre les aventures de ce héros atypique. C'est certain, ça ne plaira pas à tout le monde ou à ceux qui apprécient la constance. Après, ceux qui aiment bien les auteurs qui sortent du lot, comme Ben Templesmith, même si ça n'a pas grand-chose à voir ici, y trouveront leur compte à coup sûr. Ou bien, ceux qui aiment les ombres de nouilles qui pendent entre les jambes. Parce qu'entre Butcher, Absolutely et Jihad Jones, il y en a à la pelle. Et c'est bien la première fois que je vois un combat de la fin se faire à poil. Non, vraiment, rien n'est fait comme chez les autres dans ce comics.
Atypique, bien fichu, peut-être un peu trop poussif sur la fin, Butcher Baker demeure néanmoins une lecture qui sort du lot et qui plaira à ceux qui en ont marre des lectures trop lisses.