Masuda est programmeur informatique. Il n'a jamais cherché à grimper les échelons et supporte les raleries de sa femme à ce sujet et les regards de son fils que sa mère ne veut pas voir devenir comme son père. Bel exemple ! Du coup, avec Koji, ils ne se parlent plus trop. Par contre, il envoie régulièrement des mails à son père pour le prévenir de ce qu'il fait. C'est déjà ça. Masuda n'est pas très souvent à la maison pour voir son fils de toute manière. Aujourd'hui, c'est l'anniversaire de Koji et Masuda lui a acheté un ordinateur portable avec une webcam. Il pourra ainsi ajouter des photos à ses mails. Mais Masuda se fait inviter par son chef et ses collègues pour aller boire un coup. Il ne vient pas souvent et sent que, cette fois, il lui faut faire un effort. Une fois sur place, il regrette parce que ses collègues semblent partie pour rester une grande partie de la soirée.
Une fois que tout le monde a bien bu, ils repartent du bar. Sur le chemin, ils voient dans une ruelle un gars se faire massacrer par un autre type. Ce dernier, quand il est interpelé, se retourne et on voit qu'il a un visage étrange et un tatouage dans le cou. C'est le chef qui s'approche de lui et veut lui montrer que ce ne sont pas les jeunes branleurs qui vont faire la loi dans le pays. Seulement, il n'a pas le temps de faire grand-chose qu'il se prend un coup qui le plie en deux. L'autre n'attend pas et se jette sur lui pour lui mordre l'oreille. Les collègues de Masuda interviennent alors et, devant la volonté de l'homme de ne pas se laisser faire, lui tape dessus tant et plus. Masuda est toujours resté en retrait et n'a participé à rien. Mais, à un moment, c'est lui qui se trouve le plus près de l'homme et qui se prend un coup de couteau dans la jambe. Par réflexe, il va donner un coup de pied qui va le projeter contre une rambarde de protection de la route. Le cou de l'homme fait à présent un angle étrange avec son corps. Il est mort.
Du moins, il aurait mieux valu pour Masuda qu'il le soit réellement.
Motorô Mase est connu en France pour la série Ikigami. Du coup, les éditions Kazé nous proposent un récit plus ancien de l'auteur, Kyo-Ichi. Un récit qui plonge ses racines dans le genre de l'horreur. Comme la couverture nous le laisse penser, Kyo-Ichi est bien capable de vivre avec le cou brisé. Et il ne va pas se priver de venir tourmenter le pauvre Masuda ainsi que ses collègues. Surtout que Kyo-Ichi n'est pas seul. Il a une bande qui est prête à se sacrifier pour lui. Une sorte de secte. Et plus Kyo-Ichi semble subir des injustices, plus cette secte grandit. Nous retrouverons deux arcs dans ce tome. Le premier avec Masuda et Koji, le second avec des étudiants.
J'ai bien aimé l'idée mais j'ai trouvé qu'il y avait un goût de trop peu. Quand on se lance dans ce genre de récit, il faut y aller à fond. Et je pense que l'auteur n'a pas été assez loin dans l'horreur. Avec un personnage comme Kyo-Ichi, il y avait vraiment de quoi faire en plus ! Après, ce n'est qu'un avis personnel et je suis certain que beaucoup trouveront que l'horreur est déjà bien assez présente. Il a peut-être manqué à Mase un peu de place pour aller au bout de son idée. Kyo-Ichi reste une lecture très agréable qui m'a permis de découvrir un auteur talentueux.
D'ailleurs, Kazé a aussi eu la bonne idée d'inclure Limit en fin de tome. Limit, c'est la base qui a servi à développer Ikigami par la suite. C'est assez cru, mais cela donne quand même drôlement envie de se plonger dans cet univers qui fait froid dans le dos. Une bonne initiative qui donne des visions différentes du même auteur en un seul volume.