Les Chroniques de l'Imaginaire

Le Dieu était dans la Lune - Thiellement, Hervé

Gontran Rieu est un charmant voyou, vivant de petits larcins et il faut le dire pas toujours en bon terme avec la Chance. Capitaine de son rafiot stellaire, il se lance dans des affaires plus ou moins louches. Les conséquences sont immédiates et l’obligent régulièrement à mettre le plus de parsecs entre lui et les planètes «visitées».

Mais voilà, il se retrouve en panne dans l'espace ! Condamné à dériver indéfiniment dans l’espace ? Non, car c’est un jour particulier durant lequel sa vie bascule. En effet, il croise une annibulle sur sa route ! Cette créature intelligente peut voyager plus vite que la lumière tout en accueillant en son sein, astronef et équipage. Et cette annibule a soif d’aventures et de frissons. Tous deux s’associent pour le meilleur et...

Leur première aventure met nos deux amateurs aux prises avec la mafia locale de la planète. Le but de cette entreprise : obtenir des informations du libidineux patron d'un bar de la cité principale. Évidemment, le plan initial tombe à l’eau et Gontran doit la vie sauve grâce à l’intervention divine d’un troisième larron : Lursu.

Voici un space-opéra sympathique qui ne prétend pas se prendre au sérieux. Si initialement, les premières pages font penser à une série B, cette impression se dilue vite dans un véritable plaisir de lecture.

L’ambiance un poil kitsch, le ton enjoué du bouquin ainsi que l’exotisme des créatures et des aventures sont dans la ligne droite de l’âge d’or de la SF : le lecteur retrouve avec joie le fameux «sense of wonder» de cette époque. Sans vouloir faire de comparaison inadaptée, ce roman me fait penser à quelques aventures de Flandry, l’Agent de l’Empire Terrien de Poul Anderson.

Dans ces pages, pas de hard-science, ni de longues phases d’exposition ou de théorie scientifique ou technique, pas de chichi, pas de prise de tête métaphysique, ni de scénario incompréhensible. Non, un bon «space-opéra de papa».
Cependant, il ne faut pas pour autant en conclure le contraire. Les trouvailles côtés faunes montrent l’originalité et la créativité de Hervé Thiellement, et elles sont également bien décrites. J’adore d’ailleurs le nom évocateur et humoristique de ces créatures diverses et variées : annibule, camgeek, babelfish, ect. Le lecteur fait également la connaissance de nombreuses héroïnes, des extraterrestres, des batailles spatiales, et surtout beaucoup d’humour !

Le livre n’en est pas pour autant creux. A l’autre bout de l’espace, une entité étrange implantée dans un astéroïde s’éveille à la vie, à la conscience. Une conscience qui induit la curiosité, et de fil en aiguille la connaissance. Un savoir tel que l’entité Gaude (en référence à God, Dieu en anglais) se pense omniscient et omnipotent. Bref, Gaude souffre d'une forme d’autisme, gonflée par son sentiment d’importance, et aveuglé par sa puissance. Et comme l’a écrit ce cher Montesquieu «le pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absolument».

Un seul reproche : le plaisir s’achève trop vite.
Le Dieu était dans la Lune est bien plus qu'un simple space-opéra : une invitation au voyage et un démenti à l'idée que la réflexion ne se fait qu'à travers des récits dits "sérieux".