Nous sommes à Cuba, en 1898, et deux générations se sont passées depuis le conflit qui opposait les Portero aux Castellano, dans le premier cycle de Flor de Luna. La fabrique de tabac est passée entre les mains des Portero, lors de la fuite des Castellano, et durant deux générations, rien n'a été entrepris par les Portero pour garder cette entreprise florissante. Maintenant, c'est Rosalia Portero, la petite fille de Corina, qui est une grand-mère tout ce qu'il y a de plus acariâtre, qui fait tout pour redorer le blason des Portero.
Mais Cuba est une île en proie à des évènements historiques : il n'y a plus que des cubains et des espagnols à La Havane, mais également des américains qui pensent que les espagnols vont bientôt devoir quitter l'île, et qui ne rêvent que de s'en emparer. C'est dans ce contexte que le capitaine John Fleetwood met pour la première fois les pieds à Cuba, avec son navire de guerre américain, l'USS Maine. Mais lorsque ce dernier explose dans le port de La Havane, personne n'en connaît la cause, et l'île est sur le point de s'embraser dans la guerre.
Cela ne plaît pas vraiment à Rosalia, qui a fort à faire pour que ses ventes de cigares Flor de Luna restent au beau fixe. Et il semble que quelqu'un ait pris le domaine des Portero pour cible : c'est tout simplement incendie sur incendie. La malédiction des Castellano est en train de se vérifier, et les soupçons vont vers eux : on sait que lors de leur fuite de Cuba, ils partaient vers les Etats-Unis. Et si l'Histoire commençait à jouer en leur faveur ?
Après avoir détesté les Portero dans le premier cycle, voilà enfin quelqu'un de cette famille qui sort du lot, en la personne de Rosalia. Cette jeune fille de caractère se sent bien seule dans cette famille, entre la grand-mère détestable et un frère soûlard qui ne donne jamais le moindre coup de main dans les plantations.
Après avoir lu le premier cycle, on est en droit de détester la famille Portero et toute sa descendance. Pour autant, Boisserie et Lambert ont réussi à nous faire changer d'avis (après tout, le côté maternel des Portero était bon, à l'époque !).
Nous sommes maintenant deux générations après le premier cycle, et ce tome se déroule intégralement en 1898 (pas de flash-back avec notre époque comme cela était le cas dans le premier cycle). On retrouve en tout cas un tome qui est vraiment dans la lignée de ce qui avait fait le succès du premier cycle, même si Eric Stalner ne fait plus partie du casting sur ce tome.
Côté dessins donc, Eric Lambert parvient à retrouver la patte de Stalner, en proposant un dessin soigné, fin et détaillé, tout droit dans la lignée des tomes précédents. Certaines scènes d'actions semblent un peu trop figées, mais le défaut est pour le moins mineur, et il était déjà présent dans le premier cycle.
Ce quatrième tome de Flor de Luna n'est donc pas qu'une opération commerciale mais un livre qui ne manque pas d'intérêt, mêlant une histoire fictive au sein de la vraie grande Histoire de l'île de Cuba : une très belle surprise en tout cas !