Les Etats-Unis de 1947 sont bien différents dans cette uchronie, par rapport au même continent dans la réalité. La prohibition est encore d'actualité, et des hommes ont réussi à faire beaucoup d'argent. Outre Capone, il y a Joe Kennedy qui est devenu un bootleger richissime, grâce à des relations bien senties avec la Nouvelle-France.
Mais tout n'est pas tout rose dans le monde des bootlegers. Il y a les hommes ultra conservateurs de Lindbergh qui n'hésitent pas à faire des expéditions punitives dans les docks afin d'y faire brûler tout l'alcool entreposé. Justement, une livraison vient d'avoir lieu, et voilà qu'elle est déjà partie en fumée. Kennedy a alors deux idées : il décide d'envoyer ses fils, John et Joe Junior à la Nouvelle Orléans pour revenir avec une cargaison, et il souhaite diversifier son activité en trempant dans le trafic de drogue.
Pour cela, il compte sur ses relations avec Hitler, qui est encore au pouvoir en Allemagne, et qui a Lindbergh dans sa poche. D'autres libertés sont prises avec l'Histoire dans ce tome, en commençant par la Nouvelle Orléans, justement, qui est entre les mains des Français et des indiens Navajo, et non des Américains. De quoi y perdre son latin, certes, mais voilà que les fils Kennedy parviennent à échapper momentanément à la surveillance du chef navajo Laframboise, un grand gaillard qui n'hésite pas à abattre froidement deux nègres dans l'arrière cour.
Alors, les deux jeunes frères au futur prometteur avancent, n'osant pas décevoir leur père. Ils rencontrent des personnages connus dans leur voyage, notamment un certain Robert Johnson, guitariste de blues qui aurait appris à jouer de la guitare à une croisée des chemins.
Ce dixième tome de Jour J nous fera une nouvelle fois voyager. Duval et Pécau ont une forte connaissance de l'Histoire, et ils n'hésitent pas à s'en servir pour la déformer de manière intelligente. Certes, mais cela devient également vite assez difficile à suivre, à force de déformer quand même vraiment beaucoup de choses.
Ainsi, on arrive sur une histoire finalement relativement compliquée, et à laquelle on a tout de même du mal à accrocher. Dans le même ordre d'idée, on peut se demander pourquoi ce sont les Kennedy qui servent de base à cette histoire (peut-être un prétexte pour apercevoir Marylin ?). Les deux frères en question sont pour autant assez attachants, et nous permettent d'admirer les dessins sans faille de Colin Wilson.
Graphiquement, c'est tout à fait réussi : les personnages et leurs attitudes sont parfaits, et les couleurs de Jean-Paul Fernandez sont parfaitement dans la bonne palette ! Rien à redire de ce côté là en tout cas : c'est beau, soigné, et avec du mouvement dans les situations qui le nécessitent.
Il est dommage que ce dixième tome soit parfois complexe à suivre, un défaut qui ne se trouve pas que dans ce dixième tome. Peut-être faudrait-il retrouver un peu plus de simplicité dans ce qui reste des one-shots.