Les Chroniques de l'Imaginaire

Les montagnes hallucinées - Lovecraft, H.P.

Les histoires de Lovecraft sont connues pour leur brièveté. Ainsi, lorsque J'ai Lu publie ces textes, ils sont presque toujours groupés afin de rendre le livre un peu plus épais. C'est encore le cas pour ces Montagnes Hallucinées qui reprend la nouvelle de ce titre et Dans l'abîme du temps qui, nous le verrons, sont de qualité diamétralement opposées.

Tout d'abord, plongeons-nous dans les rapports de l'expédition Miskatonic du professeur Dyer en Antarctique. L'aventure, très médiatisée, a fait vibrer les foules, c'était la première fois que des scientifiques pénétraient aussi loin dans les terres gelées de ce continent. Mais ce que le grand public ne sait pas, c'est que les membres de cette expédition ont mis au jour une gigantesque cité cachée pendant des millénaires et ils ont déterré certaines choses sans âge en sommeil depuis bien trop longtemps... Le professeur essaie désormais d'empêcher le départ d'une deuxième équipe sur place pour éviter le pire.

C'est un Lovecraft au meilleur de sa forme qui nous offre ces Montagnes hallucinées datant de 1932. Une nouvelle dense et difficile à percer mais dès que l'on s'y risque, on entre dans un univers angoissant et totalement captivant. Le récit de Lovecraft et sa présentation sont lourds. Il s'agit véritablement d'un rapport, il n'y a ni dialogue ni action au moment présent. Le narrateur, le professeur Dyer (on apprend son nom dans le texte suivant) raconte ce qu'il a vécu, ce qui implique une large part d'ombre et d'interprétation personnelle. Ces éléments jouent un rôle non négligeable dans l'élaboration de l'atmosphère.

De plus, on est fréquemment devant des blocs de textes écrits sans paragraphe ou aération, ce que n'améliore pas la petite police de caractères. Mais, une fois plongé dans le récit, ces défauts se mettent d'eux-mêmes de côté.

Ensuite, nous restons dans le cadre feutré de l'université de Miskatonic pour lire le récit du professeur Peaslee. Un enseignant en économie politique qui a subit une crise en 1908, en plein milieu d'un cours, suivie d'une période d'amnésie profonde qui se termine en 1913. Le professeur écrit pour son fils, le seul de sa famille qui accepte encore de le voir afin qu'il apprenne ce qu'il s'est vraiment passé dans l'esprit de son père ces années-là.

Comme je l'ai signalé en introduction, une des deux histoires est d'un niveau inférieur. Le mauvais rôle est pour Dans l'abîme du temps (1935) qui présente les mêmes défauts que les Montagnes Hallucinées mais qui ajoute celui d'être absolument ennuyeuse et plate. Autant la sauce prenait pour la première nouvelle, autant celle-ci ne m'a pas intéressé ou diverti. Elle n'a aucune saveur. D'ailleurs, je ne suis peut-être pas le seul, Lovecraft lui-même n'en était pas satisfait !

En conclusion, une des nouvelles de ce récit est très bien, l'autre est à oublier. Sinon, ça reste du Lovecraft, hermétique et souvent malsain. Il faut aimer et si vous désirez découvrir le travail de cet auteur, essayez d'abord L'horreur de Dunwich, plus accessible.