La nouvelle, dramatique, tombe brutalement dans les rues de Londres : Sherlock Holmes serait mort, tombé dans des chutes d'eau en Suisse, en se battant contre Moriarty, son ennemi de toujours. Tom, Charlie et Billy Fletcher apprennent cela dans un journal, et sont effondrés. Ils en parlent avec tant de fougue et de véhémence qu'ils en viennent à se disputer, pour finir par se séparer, fâchés et incroyablement tristes de cette nouvelle.
Ainsi, tandis que Black Tom se rend chez ses cousins irlandais du quartier de Kilburn pour aider à détrousser les plus riches, Charlie se fait prendre en plein larcin. Elle se retrouve dans une pension religieuse, où elle a bien fort à faire avec d'autres filles qui lui cherchent systématiquement des noises. Billy Fletcher, lui, est celui qui s'en sort le mieux : il se rend de temps à autre dans le repère des anciens francs tireurs de Baker Street, et il finit par rencontrer le docteur Watson, qui accepte de l'aider et de le reprendre sous son aile.
Mais un malheur n'arrive jamais seul. Alors qu'il était condamné à la peine capitale, Bllody Percy parvient à tromper les gardiens de sa prison et à s'échapper. Son souhait le plus cher, dans l'immédiat, est de se venger de Watson et de l'équipe de gamins qui l'ont conduit en taule. Ce ne sont pas les jeunes indics qui manquent dans les quartiers mal famés de Londres, et bientôt, Billy Fletcher parvient à lui échapper de justesse. Percy se brûle d'ailleurs gravement le visage dans la bagarre, et cela lui donne un esprit encore plus vengeur, naturellement. Désormais, c'est à celui qui mettra la main en premier sur Charlie, Black Tom, et le chat Watson, entre Percy et Watson accompagné de Billy.
Nous tenons là déjà le quatrième tome de cette série Les Quatre de Baker Street. Les quatre en question sont toujours trois gamins (dont une fille ! ) et un chat, Watson, que l'on verra ici nettement moins souvent que dans les tomes précédents. Les trois gamins ont vraiment gagné en maturité et en profondeur, et cela se ressent dès les premières planches, avec les réactions exacerbées et fort justement dessinées qui conduisent à la séparation.
C'est avec plaisir aussi qu'on voit la nouvelle condition de Black Tom, qu'on retrouve au milieu de ses cousins, et de sa très charmante cousine, qui commence tout de même à lui faire tourner la tête, forcément... C'est avec bonheur qu'on retrouve également le méchant Percy, un personnage longiligne et charismatique, qui ferait un parfait méchant dans un bon Disney.
L'ensemble des personnages, sur un scénario parfaitement maîtrisé, et un rythme narratif excellent, évoluent au sein des toujours magnifiques décors victoriens de Londres et de ses alentours. Une nouvelle fois, David Etien nous émerveille par son talent, et par la finesse de ses traits. Les dessins sont très minutieux, très lisibles, tout en gardant une ligne et un mouvement dans les nombreuses scènes qui le nécessitent.
Les Quatre de Baker Street est maintenant une série totalement reconnue, dans l'univers de Sherlock Holmes. Même par son absence, le célèbre détective est présent, de par l'atmosphère qui se dégage de chacune de ces planches : du grand art, et on en redemande, petits comme grands !